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Chapitre 0 : Croissances comparées

I Sur les fonctions

I.1 Relations de comparaisons

I.1.1 Définition

Soit I un intervalle, aI¯ et f,g:IR ( a est dans I ou est une borne de I , éventuellement infinie)
  1. On dit que fag ssi fga1 et gfa1 . (f et g sont équivalentes, au voisinage de a )
    Cette définition n'a du sens que lorsque le calcul de ces limites en a un. En particulier, les fonctions en jeu ne s'annulent pas au voisinage de a .
  2. On dit que f=ao(g) ou f=oa(g) ssi fga0 . (f est négligeable devant g, au voisinage de a )
En particulier les fonctions f et g ne peuvent pas être la fonction nulle
I.1.2 Remarque
On ne peut donc pas écrire fa0 avec notre définition...
I.1.3 Piège
Ce n'est pas parce que f1ag1 et f2ag2 que f1+f2ag1+g2 . Trouver un exemple où on a pas f1+f2ag1+g2 .
De même, on a pas forcément exp(f1)aexp(g1)
I.1.4 Exemple
  1. On a f(x)xa0f(x)=oa(1) et plus généralement, f(x)xaRf(x)=+oa(1) .
  2. On a f(x)xaR{0}f(x)a . Attention au fait que 0 et est une limite finie.

I.2 Les outils de calcul

I.2.1 Théorème (Taylor-Young)

Soit f une fonction de classe Cn sur un intervalle I et aI . Alors f possède un développement limité à l'ordre n en a sous la forme


f(x)=f(a)+f(a)(xa)+f(a)(xa)22!+f(3)(a)(xa)33!++f(n)(a)(xa)nn!+oa((xa)n)=k=0nf(k)(a)(xa)kk!+oa((xa)n)

I.2.2 Ecriture en 0
Dans le cas des formules usuelles, a est pris égal à 0 et on obtient f(x)=f(0)+f(0)x+f(0)2!x2++f(n)(0)n!xn+o0(xn) Une chose à bien retenir : les facteurs des puissances de x sont des nombres qui sont en fait les coefficients d'un certain polynôme.
I.2.3 Les développements usuels
Soient αR et nN . On a au voisinage de 0 les développements limités usuels suivant (à connaître !)
  1. Exponentielle, logarithme, puissances
    ex=k=0nxkk!+o0(xn)=1+x+x22+x36++xnn!+o0(xn)
    ln(1+x)=k=1n(1)k+1xkk+o(xn)=xx22+x33+(1)n+1xnn+o0(xn)
    11x=k=0nxk+o0(xn)=1+x+x2++xn+o0(xn)
    (1+x)α=1+αx+α(α1)2x2+α(α1)(α2)6x3++α(α1)(αn+1)n!xn+o0(xn)
  2. Trigonométrie circulaire
    sinx=k=0n(1)kx2k+1(2k+1)!+o0(x2k+1)=xx36+x5120++(1)nx2n+1(2n+1)!o0(x2n+1)
    cosx=k=0n(1)kx2k(2k)!+o0(x2n)=1x22+x424++(1)nx2n(2n)!+o0(x2n)
  3. Trigonométrie hyperbolique.
    shx=k=0nx2k+1(2k+1)!+o0(x2k+1)=x+x36+x5120++x2n+1(2n+1)!o0(x2n+1)
    chx=k=0nx2k(2k)!+o0(x2n)=1+x22+x424++x2n(2n)!+o0(x2n)
I.2.4 Proposition

Avec les notations de la définition précédente, on a fagf=g+oa(g)g=f+oa(f) . Il s'agit de l'outil le plus pratique pour passer d'un équivalent à un ``développement'', et réciproquement. On retrouve ici que l'équivalent en a d'une fonction est le premier terme non nul dans un développement limité en a .
I.2.5 Exemple
  1. Une application directe : ex10x .
  2. Avec des croissances comparées : x2+x+1=x2+o+(x2)+x2 .
I.2.6 Proposition (Méthode d'intégration terme à terme)

Soit f:IR une fonction dérivable sur l'intervalle I et aI .
Si f admet un développement limité à l'ordre n en a alors f admet un développement limité à l'ordre n+1 en a qui s'obtient en calculant terme à terme une primitive du développement de f et en choisissant comme constante la valeur f(a) .
I.2.7 A savoir retrouver
En utilisant la méthode d'intégration terme à terme (sans oublier de rajouter la bonne constante d'intégration, à savoir le terme f(0) dans Taylor-Young)
  1. Le développement à tout ordre de arctan
  2. Les développements à un ordre donné de arcsin,arccos
I.2.8 Règles de calcul
Rappel :
  • On peut multiplier, diviser ou mettre à une puissance fixée une relation d'équivalence, mais pas sommer ni soustraire terme à terme. On ne peut pas composer de chaque côté une relation d'équivalence par une fonction (en particulier, par exp ou ln ).
  • Les développements sont des égalités qui se manipulent donc comme telles, avec les règles de calculs connues sur les oa :
    • oa(f)±oa(f)=oa(f) : quand plusieurs oa identiques apparaissent, on en conserve un seul
    • Si λ est une constante non nulle, oa(λf)=oa(f) .
    • Dans le cas d'une forme oa(f)+oa(g) on conserve un seul ``petit o'' : on retire celui qui est négligeable devant l'autre.
    • oa(f)±oa(f)=oa(f) : rien ne sert de faire apparaître un signe moins devant un oa , ni d'avoir deux fois le même oa dans une somme.
    • f×oa(g)=oa(fg) . à lire dans les deux sens !
    • A l'intérieur d'un ``petit o'' ou d'un ``grand o'', on peut remplacer une expression par son équivalent.
    • On peut effectuer des changements de variables dans les développement usuels en 0, à condition que la nouvelle expression tende bien vers 0.
Conclusion : à par pour une multiplication ou division (ou mise à une puissance fixe) terme à terme, on passera systématiquement par un développement en utilisant la règle fagf=g+oa(g)g=f+oa(f) .
I.2.9 Exemple
  1. Trouvons un équivalent de x2+1 en + . On a x2+1+x2 car 1=o+(x2) . Ainsi x2+1+x2=x (car on est au voisinage de + et donc x0 ).
  2. Donnons un développement de ln(x+1) en + . Ici on ne peut pas utiliser l'équivalent usuel qui n'est valable que lorsque x0 .
    Pour x>0 , on a ln(x+1)=ln(x(1+1x)) ( méthode importante : on a factorisé à l'intérieur par l'équivalent ), donc
    ln(1+x)=ln(x)+ln(1+1x)=ln(x)+1x+o+(1x)
    où la dernière étape est un changement de variable u=1xx+0 dans l'équivalent usuel ln(1+u)0u ou encore dans le développement ln(1+u)=u+o0(u) .
    On ne peut pas sommer les équivalents, donc ici on est obligé de passer la forme développement.
I.2.10 Proposition (Équivalent par encadrement)
Soient f,g,h:IR et aI¯ ( aI ou a est une borne de I , éventuellement ouverte).
Si on a f(x)g(x)h(x) pour x au voisinage de a , et f(x)ah(x) alors g(x)af(x)ah(x) .
Preuve
On a h(x)=f(x)+oa(f(x)) et donc, au voisinage de a , f(x)g(x)f(x)+oa(f(x)) . Ainsi 0g(x)f(x)oa(f(x)) .
Comme f ne s'annule pas au voisinage de a (on a supposé qu'on connaît un équivalent de f , voir la définition), |f(x)|>0 pour x au voisinage de a et en divisant par |f(x)|>0 on obtient 0|g(x)f(x)f(x)|oa(f(x)|f(x)|)car ici g(x)f(x)=|g(x)f(x)| . De plus, f(x)|f(x)| est une quantité qui vaut toujours 1 ou -1 et donc le oa tend vers 0 lorsque xa .
D'après le théorème d'encadrement, |g(x)f(x)f(x)|xa0 et donc g(x)f(x)f(x)xa0 . Ce ci peut s'écrire g(x)f(x)=oa(f(x)) ou encore g(x)=f(x)+oa(f(x)) . CQFD.
La preuve est technique dans le cas général car on ne connaît pas le signe de f alors qu'on veut diviser une inégalité. En pratique, le signe de f est souvent évident au voisinage de a et la preuve devient beaucoup plus simple.

I.3 Croissances comparées

I.3.1 Sur les puissances
Soient α,βR avec α<β . Les comportements en 0 et + sont opposés : xα=o+(xβ) et xβ=o0(xα)
I.3.2 Rappel
On peut se souvenir du résultat précédent grâce à un autre résultat important du cours : les positions relatives des fonctions puissances.
I.3.3 Théorème (Retour en terminale)
limx0xln(x)=0,limx+ln(x)x=0, limx+xex=0 Ces résultats nous permettrons de démontrer la version du théorème vue en 1ère année
Preuve
  • Montrons d'abord que ln(x)xx+0 .
    Soit x1 , alors on a ln(x)=1x1tdt . Comme, pour t[1,x] , on a tt>0 , on a alors 1t1t et par croissance de l'intégrale
    ln(x)[2t]1x=2xx
    En divisant par x>0 , on obtient 0ln(x)x2x2x . D'après le théorème d'encadrement, on en déduit ln(x)xx+0 .
  • On sait que x=ett++ . Par changement de variable dans la limite précédente, on obtient donc ln(et)ett+0+ et par passage à l'inverse ettt++ .
  • Montrons finalement que xln(x)x0+0 .
    Cette fois on effectue le changement de variable t=1xx0++ et on avait ln(t)tt+0 . On en déduit xln(1x)x0+0 ou encore xln(x)x0+0 . Il suffit de passer à l'opposé.
I.3.4 Théorème (Comparaison en $+\infty$)

Soient α,β]0,+[ . Ces nombres sont strictement positifs.
  1. (ln(x))α=o+(xβ) .
  2. xβ=o+(ex)
Preuve
La même technique de changement de variable permet de prouver seulement la première comparaison.
Or, pour x>1 , (ln(x))αxβ=(ln(x)xβα)α . Remarquons, en posant t=xβα que x=tαβ et donc ln(x)=αβln(t) .
De plus, βα>0 et donc tx++ . On a déjà vu, que ln(t)tt+0 . Il reste à voir, en posant u=αβln(t)t que ut+0 et uαu00 car α>0 pour conclure : (ln(x))αxβx+0
I.3.5 Théorème (Comparaison en 0)

Soient α,β]0,+[ . |ln(x)|α=o0(1xβ) ou encore xβ|ln(x)|α0+0 .
Preuve
Il s'agit simplement de poser t=1x dans le théorème précédent car on a x0+t+ .

II Sur les suites


Ici la situation est plus simple, car les seules limite que l'on peut étudier sont quand l'indice (souvent noté n ) tend vers +
Rappel
Pour une suite (un)CN on a unn+0|un|n+0

II.1 Rappels sur les suites géométriques

II.1.1 Forme des suites géométriques
Ce sont les suites (un)nN qui vérifient une relation de récurrence de la forme un+1=qunqC est fixé (comprendre, ne dépend pas de l'indice n ).
On a alors, par une récurrence facile, nN un=u0qn .
II.1.2 Lemme
Soit qC{1} . Si (qn)nN converge alors sa limite est 0.
Preuve
Notons nN un=qn et supposons que un+lC .
Alors un+1+l . Mais pour tout nN , on a un+1=qn+1=qun et donc par produit de limites finies un+1+ql . Par unicité de la limite, l=ql et donc l(q1)=0 . Comme q10 on a alors l=0
II.1.3 Théorème (Limites des suites géométriques)

Soit qC .
  1. qn+0 ssi |q|<1 .
  2. (qn)nN converge ssi |q|<1 ou q=1 .
  3. Dans le cas où qR on peut ajouter que qn++ ssi q>1 .

II.2 Comparaison des suites

II.2.1 Proposition

Soient (un)RN une suite bornée et (vn)RN une suite.
  1. Si vn+0 alors unvn+0 .
  2. Si vn++ alors unvn+0 ou encore un=o+(vn) .
II.2.2 Définition

Soient (un),(vn)CN deux suites avec (vn) qui ne s'annule pas à partir d'un certain rang. On dit que (un) est dominée par (vn) ssi la suite (|unvn|)nN est majorée.
On note alors un=O+(vn) (grand o).
II.2.3 Règles de calcul
Elles sont les mêmes que pour les petits o. En particulier on pourra écrire
  1. O+(un)=unO+(1)
  2. O+(un)±O+(un)=O+(un)
avec, comme d'habitude, la précaution élémentaire de se souvenir que chaque O représente une suite, et que ces suites ne sont pas égales même si elles s'écrivent sous la même forme.
II.2.4 Proposition (Comparaison à une suite géométrique)
Soit (un) une suite à valeurs strictement positive . On suppose que un+1un+R+ (ou =+ ).
  1. Si <1 , alors pour tout q],1[ , un=o+(qn) .
  2. Si >1 , alors pour tout q>]1,[ , qn=o+(un) .
Dans le cas =1 , on ne peut pas directement comparer (un) à une suite géométrique à l'aide d'une relation de négligeabilité qui indiquerait la limite de (un) .
Preuve
On traite le cas 0<1 . Le cas >1 est une conséquence directe en passant à l'inverse.
Soit q],1[ . On pose a=q+2 (le milieu de q et  , sur la droite réelle). Alors on a <a<q<1 .
A partir d'un certain rang n0 , un+1un]0,a] . Ainsi pour n>n0 , on peut écrire un=unun1×un1un2××un0+1un0×un0 Par multiplications d'inégalités entre nombres positifs, on a donc unann0un0=anKK=un0an0 est une constante (on a fixé q ).
Toujours par multiplication d'inégalités entre nombres positifs, 0unqnK(aq)n . or aq[0,1[ et donc par le théorème d'encadrement, un=o+(qn) .
II.2.5 Corollaire
Avec les mêmes notations, et toujours pour (un) strictement positive
  1. Si l<1 , alors un+0 .
  2. Si l>1 alors un++ .
Le résultat de la proposition est plus précis, car il indique que (un) tend ``plus vite'' que certaines suites géométriques.
II.2.6 Théorème

Soient α,β]0,+[ . Soit q>1 .
  1. ln(n)α=o+(nβ) .
  2. nβ=o+(qn)
  3. qn=o+(n!) .
  4. n!=o+(nn) .
Preuve
  1. Il s'agit d'un simple changement de variable dans le théorème sur les fonctions.
  2. Idem, en rappelant que comme q>0 , on a qn=enln(q) et comme q>1 on a bien ln(q)>0 .
  3. Cette fois on ne peut pas se fier aux fonctions, car nous ne connaissons pas (encore...) de fonction dont la restriction à N serait la factorielle.
    Utilisons le résultat de II.2.4 . Pour n0 , on pose un=qnn!>0 . Alors
    un+1un=qn+1(n+1)!×n!qn=qn+1+0
    On peut ainsi en conclure que unn+0 qui est bien la définition de qn=o+(n!) .
    On a même prouvé un résultat plus fort et complètement naturel (si on y prend garde) : (un) tend vers 0 ``plus vite'' que n'importe quelle suite géométrique, ou encore : on peut multiplier (un) par n'importe quelle suite géométrique, par exemple (1000n) et on a encore 1000nun+0
  4. Utilisons la même technique. Posons, pour n>0 , un=n!nn . On a bien nN{0} un>0 .
    De plus,


    un+1un=(n+1)!(n+1)(n+1)×nnn!=n+1(n+1)n×(n+1)×nn=(nn+1)n=(n+1n)n=(1+1n)n=enln(1+1n)


    Or ln(1+u)u0u et on a 1n+0 . Donc ln(1+1n)+1n et par produit d'équivalents,
    nln(1+1n)+1
    On ne peut pas composer cet équivalent par l'exponentielle pour obtenir un équivalent de un+1un
    Ainsi nln(1+1n)+1 et par composition de limitesun+1un+e1<1 .
    Ainsi, d'après II.2.4 , un+0 et on a bien n!=o+nn .