Soit
un intervalle,
et
(
est dans
ou est une borne de
, éventuellement infinie)
On dit que
ssi
et
. (f et g sont équivalentes, au voisinage de
) Cette définition n'a du sens que lorsque le calcul de ces limites en a un. En particulier, les fonctions en jeu ne s'annulent pas au voisinage de
.
On dit que
ssi
. (f est négligeable devant g, au voisinage de
)
En particulier les fonctions
ne peuvent pas être la fonction nulle
I.1.2 Remarque
On ne peut donc pas écrire
avec notre définition...
I.1.3 Piège
Ce n'est pas parce que
que
. Trouver un exemple où on a pas
.
De même, on a pas forcément
I.1.4 Exemple
On a
et plus généralement,
.
On a
. Attention au fait que
et est une limite finie.
I.2 Les outils de calcul
I.2.1 Théorème (Taylor-Young)
Soit
une fonction de classe
sur un intervalle
et
. Alors
possède un développement limité à l'ordre n en a sous la forme
I.2.2 Ecriture en 0
Dans le cas des formules usuelles,
est pris égal à 0 et on obtient
Une chose à bien retenir : les facteurs des puissances de
sont des nombres qui sont en fait les coefficients d'un certain polynôme.
I.2.3 Les développements usuels
Soient
et
. On a au voisinage de
les développements limités usuels suivant (à connaître !)
Exponentielle, logarithme, puissances
Trigonométrie circulaire
Trigonométrie hyperbolique.
I.2.4 Proposition
Avec les notations de la définition précédente, on a
.
Il s'agit de l'outil le plus pratique pour passer d'un équivalent à un ``développement'', et réciproquement.
On retrouve ici que l'équivalent en
d'une fonction est le premier terme non nul dans un développement limité en
.
I.2.5 Exemple
Une application directe :
.
Avec des croissances comparées :
.
I.2.6 Proposition (Méthode d'intégration terme à terme)
Soit
une fonction dérivable sur l'intervalle
et
.
Si
admet un développement limité à l'ordre
en
alors
admet un développement limité à l'ordre
en
qui s'obtient en calculant terme à terme une primitive du développement de
et en choisissant comme constante la valeur
.
I.2.7 A savoir retrouver
En utilisant la méthode d'intégration terme à terme (sans oublier de rajouter la bonne constante d'intégration, à savoir le terme
dans Taylor-Young)
Le développement à tout ordre de
Les développements à un ordre donné de
I.2.8 Règles de calcul
Rappel :
On peut multiplier, diviser ou mettre à une puissance
fixée
une relation d'équivalence, mais pas sommer ni soustraire terme à terme. On ne peut
pas
composer de chaque côté une relation d'équivalence par une fonction (en particulier, par
).
Les développements sont des égalités qui se manipulent donc comme telles, avec les règles de calculs connues sur les
:
: quand plusieurs
identiques apparaissent, on en conserve un seul
Si
est une constante non nulle,
.
Dans le cas d'une forme
on conserve un seul ``petit o'' : on retire celui qui est négligeable devant l'autre.
: rien ne sert de faire apparaître un signe moins devant un
, ni d'avoir deux fois le même
dans une somme.
.
à lire dans les deux sens !
A l'intérieur d'un ``petit o'' ou d'un ``grand o'', on peut remplacer une expression par son équivalent.
On peut effectuer des changements de variables dans les développement usuels en 0, à condition que la nouvelle expression tende bien vers 0.
Conclusion : à par pour une multiplication ou division (ou mise à une puissance fixe) terme à terme, on passera systématiquement par un développement en utilisant la règle
.
I.2.9 Exemple
Trouvons un équivalent de
en
. On a
car
. Ainsi
(car on est au voisinage de
et donc
).
Donnons un développement de
en
.
Ici on ne peut pas utiliser l'équivalent usuel qui n'est valable que lorsque
. Pour
, on a
(
méthode importante : on a factorisé à l'intérieur par l'équivalent
), donc où la dernière étape est un changement de variable
dans l'équivalent usuel
ou encore dans le développement
. On ne peut pas sommer les équivalents, donc ici on est obligé de passer la forme développement.
I.2.10 Proposition (Équivalent par encadrement)
Soient
et
(
ou
est une borne de
, éventuellement ouverte).
Si on a
pour
au voisinage de
, et
alors
.
Preuve
On a
et donc, au voisinage de
,
. Ainsi
.
Comme
ne s'annule pas au voisinage de
(on a supposé qu'on connaît un équivalent de
, voir la définition),
pour
au voisinage de
et en divisant par
on obtient
car ici
.
De plus,
est une quantité qui vaut toujours 1 ou -1 et donc le
tend vers 0 lorsque
.
D'après le théorème d'encadrement,
et donc
. Ce ci peut s'écrire
ou encore
. CQFD. La preuve est technique dans le cas général car on ne connaît pas le signe de
alors qu'on veut diviser une inégalité. En pratique, le signe de
est souvent évident au voisinage de
et la preuve devient beaucoup plus simple.
I.3 Croissances comparées
I.3.1 Sur les puissances
Soient
avec
. Les comportements en 0 et
sont opposés :
I.3.2 Rappel
On peut se souvenir du résultat précédent grâce à un autre résultat important du cours : les positions relatives des fonctions puissances.
I.3.3 Théorème (Retour en terminale)
Ces résultats nous permettrons de démontrer la version du théorème vue en 1ère année
Preuve
Montrons d'abord que
. Soit
, alors on a
. Comme, pour
, on a
, on a alors
et par croissance de l'intégrale En divisant par
, on obtient
. D'après le théorème d'encadrement, on en déduit
.
On sait que
. Par changement de variable dans la limite précédente, on obtient donc
et par passage à l'inverse
.
Montrons finalement que
. Cette fois on effectue le changement de variable
et on avait
. On en déduit
ou encore
. Il suffit de passer à l'opposé.
I.3.4 Théorème (Comparaison en $+\infty$)
Soient
. Ces nombres sont
strictement positifs.
.
Preuve
La même technique de changement de variable permet de prouver seulement la première comparaison.
Or, pour
,
. Remarquons, en posant
que
et donc
.
De plus,
et donc
. On a déjà vu, que
. Il reste à voir, en posant
que
et
car
pour conclure :
I.3.5 Théorème (Comparaison en 0)
Soient
.
ou encore
.
Preuve
Il s'agit simplement de poser
dans le théorème précédent car on a
.
II Sur les suites
Ici la situation est plus simple, car les seules limite que l'on peut étudier sont quand l'indice (souvent noté
) tend vers
Rappel
Pour une suite
on a
II.1 Rappels sur les suites géométriques
II.1.1 Forme des suites géométriques
Ce sont les suites
qui vérifient une relation de récurrence de la forme
où
est fixé (comprendre, ne dépend pas de l'indice
).
On a alors, par une récurrence facile,
.
II.1.2 Lemme
Soit
. Si
converge alors sa limite est 0.
Preuve
Notons
et supposons que
.
Alors
. Mais pour tout
, on a
et donc par produit de limites finies
.
Par unicité de la limite,
et donc
. Comme
on a alors
II.1.3 Théorème (Limites des suites géométriques)
Soit
.
ssi
.
converge ssi
ou
.
Dans le cas où
on peut ajouter que
ssi
.
II.2 Comparaison des suites
II.2.1 Proposition
Soient
une suite
bornée
et
une suite.
Si
alors
.
Si
alors
ou encore
.
II.2.2 Définition
Soient
deux suites avec
qui ne s'annule pas à partir d'un certain rang.
On dit que
est
dominée
par
ssi la suite
est majorée.
On note alors
(grand o).
II.2.3 Règles de calcul
Elles sont les mêmes que pour les petits o. En particulier on pourra écrire
avec, comme d'habitude, la précaution élémentaire de se souvenir que chaque
représente une suite, et que ces suites ne sont pas égales même si elles s'écrivent sous la même forme.
II.2.4 Proposition (Comparaison à une suite géométrique)
Soit
une suite à valeurs
strictement positive
. On suppose que
(ou
).
Si
, alors pour tout
,
.
Si
, alors pour tout
,
.
Dans le cas
, on ne peut pas directement comparer
à une suite géométrique à l'aide d'une relation de négligeabilité qui indiquerait la limite de
.
Preuve
On traite le cas
. Le cas
est une conséquence directe en passant à l'inverse.
Soit
. On pose
(le milieu de
, sur la droite réelle). Alors on a
.
A partir d'un certain rang
,
. Ainsi pour
, on peut écrire
Par multiplications d'inégalités entre nombres positifs, on a donc
où
est une constante (on a fixé
).
Toujours par multiplication d'inégalités entre nombres positifs,
. or
et donc par le théorème d'encadrement,
.
II.2.5 Corollaire
Avec les mêmes notations, et toujours pour
strictement positive
Si
, alors
.
Si
alors
.
Le résultat de la proposition est plus précis, car il indique que
tend ``plus vite'' que certaines suites géométriques.
II.2.6 Théorème
Soient
. Soit
.
.
.
.
Preuve
Il s'agit d'un simple changement de variable dans le théorème sur les fonctions.
Idem, en rappelant que comme
, on a
et comme
on a bien
.
Cette fois on ne peut pas se fier aux fonctions, car nous ne connaissons pas (encore...) de fonction dont la restriction à
serait la factorielle. Utilisons le résultat de
II.2.4
. Pour
, on pose
. Alors On peut ainsi en conclure que
qui est bien la définition de
. On a même prouvé un résultat plus fort et complètement naturel (si on y prend garde) :
tend vers
``plus vite'' que n'importe quelle suite géométrique, ou encore : on peut multiplier
par n'importe quelle suite géométrique, par exemple
et on a encore
Utilisons la même technique. Posons, pour
,
. On a bien
. De plus,
Or
et on a
. Donc
et par produit d'équivalents, On ne peut pas composer cet équivalent par l'exponentielle pour obtenir un équivalent de
Ainsi
et par composition
de limites
. Ainsi, d'après
II.2.4
,
et on a bien
.