Soit
un point et
une droite qui ne passe pas par
. Soit également
.
L'ensemble des points
est appelé conique
de foyer
, de directrice
et d'excentricité
.
si
, on dit que
est une ellipse.
si
on dit que
est une parabole.
si
on dit que
est une hyperbole.
Dans toute cette première partie du cours, nous conserverons ces notations.
I.1.2 Définition (Repère focal)
On considère
le projeté orthogonal du foyer
sur la directrice
.
Le repère focal associé à la conique
est le repère orthonormé direct centré en
,
dont la première direction est
.
Le premier axe de ce repère est appelé axe focal.
Il est perpendiculaire à
en
.
I.1.3 Équation cartésienne dans le repère focal
On cherche ici les points
(avec les notations précédentes), les coordonnées sont données dans le repère focal.
Notons
le projeté orthogonal de
sur
.
Notons
et ainsi
et
.
On note classiquement
que l'on appelle le
paramètre
de la conique
et avec cette notation on a obtenu
Notez que cette équation se réfère à des coordonnées dans le repère focal.
Il faut la lire sous la forme : si un point
est de coordonnées
dans le repère focal,
alors
.
I.1.4 Intersection avec l'axe focal
Soit
une conique d'axe
, de foyer
et d'excentricité
.
Si
est une parabole (ie.
), alors il existe un unique point d'intersection
entre l'axe focal et
appelé sommet de la parabole.
Ce sommet est de coordonnées
dans le repère focal.
Si
n'est pas une parabole, alors il existe exactement deux points d'intersection
entre l'axe focal et
appelés sommets de la conique.
Preuve
On cherche les point
à la fois sur l'axe focal et sur
. Ainsi ils sont de coordonnées (toujours dans le repère focal)
et vérifient l'équation précédente
Cas
. L'équation vérifiée devient
et la seule solution est
car
.
Cas
. L'équation devient cette fois
qui est bien de degré 2 car
(
rappelons ici que
et donc
). Le discriminant est
et on obtient bien deux solutions distinctes (pour
, donc pour les points
correspondants également).
I.1.5 Milieu des sommets
Dans le cas
et avec les notations précédentes, le milieu des deux solutions est
(
avec les notations de 1ère, le milieu des deux racines réelles d'un trinôme est toujours
) et donc le milieu des sommets est de coordonnées
.
I.1.6 Sommets
Lien géogébra :
positions des sommets et de leur milieu
On peut retenir que les sommets d'une ellipse sont positionnés de part et d'autre du foyer,
d'un même côté de la directrice. Les sommets d'une hyperbole sont positionnés de chaque côté
de la directrice et du même côté du foyer.
I.2 Équations réduites
I.2.1 Théorème (Équation réduite d'une parabole)
Soit
une parabole. Notons
son unique sommet.
En notant
, l'équation réduite de
s'obtient dans le repère centré en
et dont les vecteurs de bases sont les mêmes que pour le repère focal. Dans ce repère
Dans le repère au sommet, le foyer est de coordonnées
et la directrice d'équation
.
Preuve
Soit
un point du plan. On note
ses coordonnées dans le repère focal et
ses coordonnées dans le repère centré au sommet.
On a donc
et
. Or
. Ainsi on obtient les relations (
changement de repère par translation
)
Remarquons qu'on a bien
De plus,
qui est exactement le résultat annoncé.
Attention, avec les notations de l'énoncé,
se réfèrent aux coordonnées dans le repère au sommet et non aux coordonnées dans le repère focal.
I.2.2 Tracé
Nous sommes maintenant en mesure de tracer une parabole de directrice et foyer donnés,
en notant que son équation dans le repère au sommet est également
.
L'astuce est ici de tourner votre feuille de
(ce qui change les positions usuelles des axes)
et tracer une parabole comme en seconde.
I.2.3 Théorème (Équation réduite d'une ellipse)
Soit
une ellipse (on a donc
). Notons
le milieu de ses deux sommets.
L'équation réduite de
est obtenue dans le repère centré en
et dont les vecteurs de bases
sont les mêmes que le repère focal (on appelle repère central ce nouveau repère).
Cette équation est de la forme
où
sont deux réels strictement positifs vérifiant
.
Preuve
Commençons par poser
de coordonnées
dans le repère focal et de coordonnées
dans le repère central. Alors, on a
On a maintenant
Remarquons maintenant que
car
et il suffit maintenant de diviser l'équation obtenue par
pour obtenir une équation sous la forme voulue.
On a alors
car
et donc
.
I.2.4 Théorème (Équation réduite d'une hyperbole)
Soit
une hyperbole (on a donc
). Notons
le milieu de ses deux sommets.
L'équation réduite de
est également obtenue dans le repère central. Cette équation est de la forme
où
sont deux réels strictement positifs.
Preuve
Elle est tout à fait similaire à la preuve précédente, excepté que cette fois
.
On trouve
et les positions relatives de
sont données par les positions relatives de
et
.
I.2.5 Sommets
Encore une fois, les sommets sont de coordonnées
.
I.2.6 Proposition
Une ellipse et une hyperbole sont des courbes symétriques par rapport à :
chacun des axes du repère central
leur centre
Preuve
Dans le repère central, le symétrique d'un point
par rapport à
est de coordonnées
.
De plus, en revenant à l'équation réduite de
(la conique étudiée ici : une ellipse ou une hyperbole), on constant immédiatement que
ce qui prouve que
est bien symétrique par rapport à
.
On prouve de même les symétries par rapport aux axes.
I.2.7 Conséquence
Le point
, symétrique de
par rapport à
est également un foyer de
associé à la directrice
(la droite symétrique de
par rapport à
).
Pour ce couple de foyer/directrice, la convention pour le repère focal est de prendre
.
I.3 Tracé des coniques
I.3.1 Proposition (Paramétrisations des coniques)
Considérons l'ellipse
et l'hyperbole
.
est le support de la courbe paramétrée
.
La demi hyperbole
est le support de la courbe
D'après la proposition
I.2.6
, l'autre demi-hyperbole s'obtient par symétrie par rapport à
.
Preuve
Il s'agit de paramétrer ces courbes implicites.
Soit
ssi
ssi il existe
tel que
ssi
est un point du support de
.
Montrons d'abord un résultat intermédiaire.
Soient
tels que
. Comme
est strictement croissante elle est injective.
De plus,
et
et que
est continue,
et donc
réalise une bijection de
dans
.
Ainsi on peut poser
tel que
. Alors
. Comme
et
, on a
.
Il suffit maintenant d'appliquer ce résultat pour obtenir un raisonnement similaire au point 1).
I.3.2 Tracé de l'ellipse
On connaît déjà des symétries de l'ellipse, que l'on peut retrouver par étude de la courbe paramétrée.
Dressons les tableaux pour
paramétrant notre ellipse.
Aucune étude n'est nécessaire, car les fonctions sont des fonctions usuelles.
Nous sommes maintenant en mesure de tracer l'ellipse.
I.3.3 Tracé de l'hyperbole
Les variations ne présentent pas de difficultés particulières.
On remarque, comme prévu une tangente verticale en
(dirigée par
).
Étudions la branche infinie en
.
On a deux limites infinies.
ce qui élimine les asymptotes verticale et horizontale
.
on est dans le cas 2c
Pour
,
. On en déduit que l'hyperbole admet la droite d'équation
comme asymptote oblique.
On dit qu'une courbe
du plan est définie par une équation implicite si elle est donnée par une équation de la forme
pour une certaine fonction
de classe
.
Dans ce cas les points de
sont les points
du plan de coordonnées
qui vérifient
.
I.4.2 Exemple
Les ellipses et hyperboles que nous venons d'étudier sont des courbes définies par une équation implicite.
On ne peut pas isoler
ou
de ces équations, contrairement aux équations réduites de paraboles par exemple, ou aux courbes représentatives de fonctions usuelles.
I.4.3 Théorème
Soit
une courbe du plan définie par une équation implicite
où la fonction
est
.
Soit
un point de
.
On dit que
est un point régulier de
ssi
.
Si
est un point régulier de
, alors la tangente à
au point
est la droite passant par
et normale à
.
Preuve
Dans le cas où
, on admet qu'il existe un paramétrage de la courbe
(au moins au voisinage de
) de classe
.
On note
ce paramétrage et
l'intervalle de définition de
.
Alors
. Par composition,
est dérivable sur
et en dérivant :
Ainsi
et
dirige la tangente en
.
Remarque :
l'existence du paramétrage utilisé ici est équivalent au fait que
est localement bijective
autour de
. On peut faire le lien avec les fonctions numériques : lorsque
,
est bijective
autour de
(et sa réciproque est dérivable, voir le cours de sup).
I.4.4 Proposition (Tangentes à une ellipse)
On considère une ellipse
(les coordonnées sont donc données dans le repère central).
Soit
. Alors la tangente à
en
est la droite d'équation
Preuve
Posons
de telle sorte que
.
Alors
est de classe
par rapport à chacune de ses deux variables et on trouve
.
Comme
(car le centre n'est pas sur l'ellipse),
est un point régulier et on connaît un vecteur normal à la tangente cherchée.
Notons
cette tangente.
On a maintenant, pour
:
I.4.5 Tangentes particulières
Aux points de coordonnées
les tangentes sont verticales
et aux points de coordonnées
elles sont horizontales.
I.4.6 Proposition (Tangentes à une hyperbole)
On considère une hyperbole
.
Soit
. Alors la tangente à
en
est la droite d'équation
Preuve
Tout à fait similaire.
I.4.7 Tangentes aux sommets
Les tangentes aux sommets d'une hyperbole (de coordonnées
)
sont verticales également.
II Équation de coniques, réduction
Changement de repère, rappel
On se place dans
(par exemple) et on considère une base
Ainsi que
la matrice de passage de la base canonique à
(
dont les colonnes sont
si ces vecteurs étaient notés sous forme de colonne
).
Notons
et
les coordonnées de
dans le repère
.
Alors
et
II.1 Équation de conique
II.1.1 Définition
Une courbe
de
est dite de type conique si
est l'ensemble des points
vérifiant une équation de la forme
où
et
.
II.1.2 Exemple
Les cercles sont des cas particuliers de coniques.
II.1.3 Définition
Soient
.
On rappelle que les équations réduites des coniques sont de la forme :
(ellipse)
(hyperbole)
(parabole)
L'axe focal est, dans chaque cas :
si
et
si
.
Le cas
est en fait le cas du cercle qui n'est pas une conique
(un cercle n'a pas d'excentricité).
II.1.4 Tracé
Rappelons les tracés obtenus dans l'épisode précédent.
II.2 Réduction d'une conique
II.2.1 Écriture matricielle
Fixons les coefficients d'une équation de type conique.
On pose
et
. Alors
.
Ainsi en posant en plus
, on obtient :
Le but est maintenant de diagonaliser
, ce qui fait disparaître le terme ``rectangle'' en
.
D'après le théorème spectral, on peut toujours trouver une base orthonormée directe dans laquelle l'équation n'a plus de terme en
.
II.2.2 Après rotation
Comme
est symétrique réelle, on peut la diagonaliser dans une base orthonormée directe. Notons
ses valeurs propres. On suppose
(sinon,
était déjà diagonale, les homothétie ne changent pas de matrice par changement de base).
Notons
la matrice de passage (qui diagonalise
).
Posons
ie
, les coordonnées de
dans la nouvelle base.
où
.
Si
et
, on obtient (mise sous forme canonique) soit une parabole soit une réunion de droites.
Si
, on passe sous forme canonique (pour
, attention à bien factoriser par
) pour obtenir soit une équation d'ellipse soit une équation d'hyperbole (au moins pour le membre de gauche), après changement de repère par translation (la mise sous forme canonique donne les coordonnées du centre, comme pour les cercles). Suivant la valeur de la constante, on peut obtenir un seul point, l'ensemble vide ou deux droites sécantes.
II.2.3 Proposition
Soit
une courbe du plan.
Posons
et
.
Le signe des valeurs propres de
détermine le type de la conique : deux valeurs propres de même signe strict pour une ellipse, une valeur propre nulle pour une parabole.
Pour obtenir une équation réduite, commencer par diagonaliser
dans une base orthonormée directe (ce qui traduit un changement de repère par rotation) puis effectuer un changement de repère par translation après mise sous forme canonique.
II.2.4 Exemple
Tracer les coniques
.
On pose
. Alors pour
on a
.
De plus,
est symétrique réelle donc est diagonalisable dans
et ses espaces propres sont orthogonaux. Or pour
Ainsi les valeurs propres de
sont 1 et 5.
Après calcul,
et comme les espaces propres de A sont orthogonaux,
. Considérons la base orthonormée directe de vecteur propres de
,
.
On pose
et
tel que
,
c'est-à-dire que
est la colonne des coordonnées de
dans la base
.
En notant
On a alors
. Dans le repère
, l'équation étudiée devient
. Il y a deux cas
L'équation
n'a pas de solution réelle, donc l'ensemble étudié est vide.
L'ensemble des solutions de
est une ellipse que nous allons tracer. On commence par tracer le nouveau repère, dont on a donné des vecteurs directeurs des axes, puis on trace l'ellipse dans ce nouveau repère. Avec les notations des équations réduites de ce cours, on a
et
.
II.2.5 Exemple
Tracer
suivant les valeurs de
.
Posons la matrice est
.
, on obtient une conique de type hyperbole (deux racines de signe stricts opposés). Les valeurs propres sont les racines de
qui sont
.
et
. On pose
. L'équation dans le nouveau repère devient
c'est à dire
On pose
de coordonnées
dans le nouveau repère (
ce qui donne
dans le repère canonique
) et
les deux colonnes de la matrices
dans l'ordre. Alors dans le repère
(on note
les coordonnées) l'équation devient
Cas
: l'équation devient
. La conique est en fait une réunion de deux droites.
Cas
: l'équation devient
et on obtient une équation réduite d'hyperbole dont les asymptotes sont d'équations
obtenu comme valeur de
, les
se simplifient
Cas
: cette fois l'équation devient
. L'équation n'est pas réduite, mais il suffit d'échanger le rôle des axes pour tracer.
Prenons une équation de conique
.
Si
est une ellipse ou une hyperbole, alors
possède un unique point critique
situé au centre de symétrie. On le voit facilement sur les équations réduites.