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Chapitre 5 : Séries entières

I Rayon de convergence

I.1 Série entière

I.1.1 Définition
  • Une série entière de variable zK est une série de la forme anznanK .
  • Les termes de la suite (an)nN sont appelés les coefficients de la série entière.
  • Pour chaque z0K on étudie la convergence de la série numérique anz0n . L'ensemble des z0K pour lesquels la série entière converge est appelé domaine de convergence. Ce domaine contient toujours 0
  • La somme de cette série entière est la fonctionf:zn=0+anzn définie sur le domaine de convergence.
Lorsque la variable est réelle, on la note x plutôt que z .
I.1.2 Remarque
Comme pour les séries numériques, on peut considérer des séries entières dont le premier terme n'est pas d'indice 0 . Pour revenir dans le cadre du cours, on considère que les premiers termes de (an) sont nuls. La convergence des séries numériques ne dépend pas de la valeurs des premiers termes (mais la somme oui !).
Explication
On reconnaît une série entière au fait qu'on voit apparaître la variable z à la puissance n exactement (l'indice de somme) et que le facteur de zn est une quantité qui ne dépend que de n et pas de z : son coefficient.
Plus précisément, chaque somme partielle est une fonction polynomiale de la variable z .
I.1.3 Proposition (Rappel)
Soit (bn)CN une suite de nombres complexes. bnn+0|bn|n+0
Preuve
Simple écriture de la définition, pour nN on a évidemment |bn0|=||bn|0|=|bn| .
I.1.4 Exemple
Soit zC . On a vu que la série numérique zn converge ssi |z|<1 . On peut donc considérer la série entière zn qui est bien définie sur D={zC| |z|<1} . C'est le disque unité ouvert.
On a alors n=0+zn=11z .

I.2 Convergence d'une série entière

I.2.1 Rappel sur la divergence grossière
  • Si un0 alors un diverge.
  • Si (un) n'est pas bornée, alors elle ne peut pas être convergente.
I.2.2 Théorème (Lemme d'Abel)

Soit (an)CN . Supposons qu'il existe z0C tel que (anz0n) est une suite bornée. Alors pour tout zC tel que |z|<|z0| on a |anzn|=O+((|z||z0|)n) et donc nNanzn converge.
Preuve
Soit zC tel que |z|<r . Alors |anzn|=|anrn|(|z|r)n=O+(1)(|z||z0|)n=O+((|z||z0|)n)
Comme 0|z||z0|<1 , la série nN(|z||z0|)n converge et donc nNanznconverge absolument par comparaison de séries à termes positifs.
I.2.3 Exemple
On considère la série entière sin(n)zn . z0=1 convient donc tout z tel que |z|<1 est dans le domaine de convergence.
I.2.4 Définition-proposition

Soit anzn une série entière.
  1. L'ensemble I={rR+| (|an|rn)nN est bornée} est un intervalle de R de la forme [0,α) (la deuxième borne est ouverte ou fermée, finie ou non)
  2. R=sup(I)R+{+} est appelé rayon de convergence de la série entière nNanzn
Preuve
Il faut montrer que I est un intervalle de la forme [0,α) (borne ouverte ou fermée, aR+¯ ). Il suffit de montrer que si rI alors [0,r]I ie que tous les nombres inférieurs à r sont encore dans I .
Soit rI et ρ[0,r] . Alors, pour nN , 0|an|ρn=|an|rnρnrn1|an|rn et donc (|an|ρn) est bornée, c'est à dire que ρI .
I.2.5 Rayon de référence
Le rayon de convergence de la série géométrique zn vaut 1.
La série entière nulle possède un rayon de convergence infini.
I.2.6 Exemple
Calculons le rayon de convergence de 1n+1zn .
  • Si |z|>1 alors (znn+1)nN n'est pas bornée (son module tend vers + ).
  • Si |z|<1 , (znn+1)nN converge vers 0 donc est bornée.
Finalement, I=[0,1] et donc =[0, et donc R=1 .
I.2.7 Rayon nul
On peut très bien avoir I=[0,0]={0} (et donc R=0 ) c'est a dire que pour tout r>0 , (anrn) n'est pas bornée. Par exemple an=n! convient.
I.2.8 Théorème
Soit anzn une série entière de rayon de convergence R>0 , et zC
  1. Si |z|<R alors la série numérique anznconverge absolument donc converge.
  2. Si |z|>R alors la série numérique anzndiverge grossièrement.
  3. Si |z|=R on ne peut pas conclure a priori sur la nature de nNanzn .
Preuve
  1. Il s'agit juste un redite du lemme d'Abel (si |z|<R alors |z|<r pour un rI ).
  2. Il suffit de remarquer qu'une suite non bornée ne peut tendre vers 0 (car toute suite convergente est bornée).
  3. Reprenons la série nN1n+1zn .
    Pour z=1 , il s'agit de la série harmonique, notoirement divergente.
    Pour z=1 , on trouve une série alternée convergente.
I.2.9 Domaines de convergence
  1. Une série entière réelle (on calcule n=0+anxn pour x réel) est convergente au moins sur l'intervalle ]R,R[R est le rayon de convergence. La convergence en ±R est éventuellement à étudier au cas par cas.
  2. Pour une série complexe, la série converge sur {zC; |z|<R} . Sur l'ensemble CR={zC| |z|=R} , on ne peut rien dire a priori.
On représente schématiquement le résultat précédent comme suit.
Les zones en vert sont les valeurs de la variable où la convergence absolue est assurée. Les zones en rouge sont les valeurs de la variable où la divergence grossière est assurée. Pour la zone bleue (cercle de centre O et de rayon R ), on ne peut rien dire sans étude complémentaire.
Disque de convergence
La figure pour une variable réelle est la suivante :
Intervalle de convergence
I.2.10 Contraposées
Si on trouve un zC tel que la série numérique anzn converge alors R|z| .
Si on trouve un zC tel que la série numérique anzn diverge alors R|z| .
I.2.11 Exemple
Soit αR . Montrons que le rayon de convergence R de nαxn vaut 1 ( dans les cas α>0 comme α<0 ). On considère ici une variable réelle.
  1. Pour x]1,1[ ( |x|<1 ), on a nαxn=o+(1n2) (calculer le quotient, conclure par croissances comparées). Ainsi nαxnconverge absolument donc converge. Ainsi R1 .
  2. Pour x tel que |x|>1 , on a |nαxn|++ et donc nαxndiverge grossièrement et donc R1 .
Finalement R=1 .

I.3 Calcul du rayon de convergence

I.3.1 Rayon 1
Soit anzn une série entière de rayon de convergence R .
  1. Si (an) n'est pas bornée (par exemple an++ ) alors R1 .
  2. Si (an) est bornée (par exemple (an) converge), alors R1 .
I.3.2 Proposition

Soient anzn une série entière de rayon de convergence Ra et bnzn une série entière de rayon de convergence Rb
  1. Si |an||bn| (au moins à partir d'un certain rang), alors RaRb
  2. Si an=O+(|bn|) alors RaRb (en particulier dans le cas an=o+(|bn|) ).
  3. Si |an|+|bn| alors Ra=Rb .
Preuve
  1. Soit r<Rb . On doit montrer que (|an|rn) est bornée (et donc que rRa ).
    Or par hypothèse, on peut poser MR+ tel que |an|M|bn| pour tout nR .
    Ainsi |an|rnM|bn|rn et (|bn|rn) est bornée donc (|an|rn) est bornée aussi.
    Ainsi rRa et tout nombre plus petit que Rb est plus petit que Ra . On ne peut pas avoir Ra<Rb , c'est à dire qu'on a prouvé RaRb .
  2. C'est une conséquence directe car dans ce cas an=O+(|bn|) et bn=O+(|an|) .
I.3.3 Exemple
Le rayon de convergence de sin(1n)zn est 1 car sin(1n)+1n .
I.3.4 Conséquence
Comme pour les séries numériques, on peut commencer par calculer un équivalent simple de an et raisonner sur cet équivalent.
I.3.5 Série produit
Soient anzn et bnzn deux séries entières. Supposons que pour un z0C fixé, les deux séries numériques convergent absolument.
Alors dnconverge absolument si on pose nN dn=k=0nakz0kbnkz0nk=(k=0nakbnk)z0n .
Ainsi, avec cn=k=0nakbnk , la série cnz0n converge. Il s'agit de la série entière produit.
I.3.6 Théorème
Soient anzn une série entière de rayon de convergence Ra et bnzn une série entière de rayon de convergence Rb .
  1. Pour λC , la série entière λanzn est de rayon de convergence Ra . Le cas λ=0 donne un rayon infini.
  2. Le rayon de convergence R de la série (an+bn)xn vérifie R=min(Ra,Rb) si RaRb et RRa dans le cas Ra=Rb .
  3. Le rayon de convergence R de la série entière cnxn=anxn×bnxn vérifie Rmin(Ra,Rb) .
Preuve
Il s'agit d'une traduction directe des propriétés de convergences vu dans le chapitre sur les séries. Le méthode est la suivante : on prend r<R (le rayon de convergence que l'on veut calculer) et on prouve la convergence par application du chapitre sur les séries numériques. La remarque I.2.10 conclut.
I.3.7 Inégalités strictes
On peut tout à fait avoir des inégalités strictes dans le théorème précédent. Il suffit de considérer des séries opposées pour la somme et le produit par la série nulle.
I.3.8 Proposition
Soit (an)CN . Les séries entières anzn et nanzn ont le même rayon de convergence.
Preuve
Notons R1 et R2 ces deux rayons (respectifs). Comme an=o+(n|an|) , R1R2 . On traite maintenant le cas R1>0 .
Soit r<R1 . Montrons que (n|an|rn) est bornée. Soit r]r,R1[ . Alors, pour nN , n|an|rn=|an|(r)nbornée×n(rr)n .
Or, par croissances comparées, n(rr)n+0 et est donc bornée. Par produit, (n|an|rn) est bornée. Ainsi rR2 et finalement R2R1 .
I.3.9 Exemple
Les séries suivantes sont de rayon de convergence 1 : n2zn,1n2zn,P(n)znPC[X]{0} .

I.4 d'Alembert

Commençons par un rappel :
I.4.1 Théorème (Règle de d'Alembert)

Soit (un)RN telle que nN un>0 . Supposons que un+1un .
  1. Si <1 alors un converge (on a même q],1[ un=o+(qn) ).
  2. Si >1 alors undiverge grossièrement (car un++ ).
  3. Si l=1 la série un peut être divergente ou convergente.
I.4.2 Proposition
Soit anzn une série entière. On suppose que an0 (au moins à partir d'un certain rang).
Si (|an+1||an|) admet une limite R+{+} , alors le rayon de convergence de anzn est :
  • 0 dans le cas =+
  • + dans le cas =0
  • 1 dans le cas ]0,+[ .
Preuve
On suppose que an0 à partir d'un certain rang et que |an+1||an|+ (qui est forcément positive par passage à la limite des inégalités).
Pour z0 , posons un=|anzn|>0 à partir d'un certain rang. Alors un+1un+|z| (ou + si =+ ). Notons R le rayon de convergence cherché.
  • Dans le cas =+ , anzn diverge pour tout z0 d'après le théorème précédent, donc R=0 .
  • Dans le cas =0 , anzn converge pour tout z d'après le théorème précédent donc R=+ .
  • Dans le cas ]0,+[ , on a anznconverge absolument dès que |z|<1 ie |z|<1 et donc R1 .
    De plus anzndiverge grossièrement dès que |z|>1 ie |z|>1 et donc R1 . Finalement, R=1 .

II Propriétés de la somme, cas réel

Dans cette partie, on note anxn les séries entières et on considère que x est réel (peu importe pour les an ). Ainsi, si nNanxn est de rayon R>0 on considère la fonction (qui est la somme de la série) f:{]R,R[Kxn=0+anxn . Le domaine de définition peut éventuellement être fermé en ±R suivant les cas.

II.1 Intégration

II.1.1 Théorème


Soit f:xn=0+anxn la somme d'une série entière de rayon de convergence R>0 . Alors f est continue sur son domaine de convergence (qui inclut ]R,R[ , les bornes pouvant éventuellement être fermée en ±R ).
Preuve
Cette preuve est hors programme...
Traitons d'abord le cas a]R,R[ Montrons que f(x)xaf(a) . Il s'agit d'un résultat d'inversion de limites.
Soit NN . On note SN:xn=0Nanxn . Alors, pour x]R,R[ , SN(x)SN(a)=n=1Nan(xnan)=(xa)n=1Nank=0n1xkan1k . Ainsi |SN(x)SN(a)||xa|n=1N|an|k=0n1|x|k|ak| On se restreint maintenant à des valeurs de x dans [aα,a+α] pour un α bien choisi (de telle manière que cette intervalle soit inclus dans ]R,R[ ).
Soit b]R,R[ tel que |b|>max(|aα|,|a+α|) .
Alors |SN(x)SN(a)||xa|n=1Nnan|b|n . D'après I.3.8 , la somme partielle du majorant converge vers KR+ qui ne dépend pas de x (seulement de α , qui lui ne dépend que de a ). Par passage à la limite en faisant N+ , |f(x)f(a)||xa|K et donc par encadrement (cette fois xa ), f(x)xaf(a) .
Il reste à traiter le cas a=R lorsque f est définie en R (le cas a=R est tout à fait similaire). On peut prendre, dans la preuve précédente, b=R et les arguments restent les mêmes.
II.1.2 Exercice
Soit f une fonction définie par une série entière nNanxn de rayon de convergence R=+ avec a0<0 et nN{0}an>0 . Montrer que f s'annule au moins une fois.
II.1.3 Exemple

Posons f:{RRx{ex1x si x01 si x=0 . Alors fC(R,R) . De plus, pour x0 , f(x)=n=1+1n!xn1 et aussi pour x=0 . Donc f est bien la somme de cette série entière sur R en entier et donc f est continue sur R en entier.
II.1.4 Théorème (Intégration terme à terme)

Soit f:xn=0+anxn la somme d'une série entière de rayon de convergence R>0 . x]R,R[ 0xf(t)dt=n=0+ann+1xn+1=n=1+an1nxn Remarquons que les séries entières qui interviennent ici sont de rayon de convergence R exactement d'après I.3.8
Preuve
Encore une fois hors programme.
Soit x]R,R[ et t entre 0 et x . Soit également NN .
0xn=0Nantndt=n=0Nann+1xn . Il s'agit encore une fois de pouvoir faire tendre N vers + .
Or


|0xf(t)dt0xn=0Nantndt|=|0x(f(t)n=0Nantn)dt|=|0x(n=N+1+antn)dt|


On voit apparaître des restes de séries numériques absolument convergentes, appliquons l'inégalité triangulaire (sur l'intégrale et la série, on conserve la valeur absolue extérieure au cas où x0 ). |0xf(t)dt0xn=0Nantndt||0x(n=N+1+|an||t|n)dt| Or, pour t entre 0 et x , |an||t|n|an||x|n . De plus, anxnconverge absolument donc on peut trouver N0 tel que NN0 n=N+1+|an||x|nϵ pour un ϵ>0 fixé.
Alors, pour ces N , |0xf(t)dt0xn=0Nantndt||0xϵdt|=ϵ|x| qui peut être rendu arbitrairement proche de 0.
Ainsi, limN+n=0Nann+1xn=0xf(t)dt .
II.1.5 Exemple

Posons f:xn=0+xn=11x , qui est la somme d'une série entière de rayon 1.
Ainsi, pour x]1,1[ on a 0xf(t)dt=[ln(1t)]0x=n=0+xn+1n+1 .
Après un changement d'indice, on obtient la formule (à connaître et à savoir retrouver) x]1,1[ ln(1x)=n=1+xnn De plus, x]1,1[ ssi x]1,1[ ( on veut changer x en x dans la formule précédente, on calcule le nouveau domaine de validité, ie. le nouveau domaine de convergence ) et donc x]1,1[ ln(1+x)=n=1+(1)n+1nxn
Remarquons que cette dernière série converge en x=1 (c'est une série alternée classique) et donc on peut fermer l'intervalle de convergence en 1 et on obtient ln(2)=n=1+(1)n+1n
II.1.6 Exercice
Exprimer arctan(x) comme somme d'une série pour x]1,1[ .
II.1.7 Exercice
Pour quels x peut-on écrire ln(1+2x) sous forme d'une série entière ?
Réponse : x]12,12[

II.2 Dérivation

II.2.1 Théorème (Dérivation terme à terme)

Soit f la somme de la série entière anxn de rayon de convergence R>0 .
f est de classe C sur ]R,R[ et pour x]R,R[ on a f(x)=n=1+nanxn1=n=0+(n+1)an+1xn. et plus généralement kN x]R,R[ f(k)(x)=n=k+n!(nk)!anxnk=n=0+(n+k)!n!an+kxn Remarquons que les série entière qui définissent f et les f(k) sont également de rayon de convergence R .
Preuve
Hors programme.
Posons, au hasard, g:xn=0+(n+1)an+1xn qui est bien définie sur ]R,R[ , continue et que l'on peut intégrer terme à terme d'après le théorème II.1.4 . Alors pour x]R,R[ , 0xg(t)dt=f(x)a0 et donc f est une primitive de g .
Ainsi f est dérivable et f=g .
Le reste est une récurrence simple
II.2.2 Exemple

Calculons S=n=1+n2n1 après avoir prouvé sa convergence.
Premièrement la série entière n0xn est de rayon de convergence 1. Notons f:x11x sa somme. Sa dérivée est f:xn=1+nxn1 .
Comme 12]1,1[ , S est bien la somme d'une série convergente et S=f(12)=1(112)2=4 .
II.2.3 Exemple

Posons f:{RRx{arctan(x)x si x01 si x=0 .
Alors f est de classe C sur R par quotient dont le dénominateur ne s'annule pas.
De plus, pour x]1,1[{0} on a f(x)=n=0+(1)n2n+1x2n+1 . Cette relation est encore vraie en 0. Ainsi fC(]1,1[,R) et finalement f est C sur R .
II.2.4 Corollaire
Soit anxn une série entière de rayon de convergence R>0 et f sa somme. Alors an=f(n)(0)n! pour tout nN .
II.2.5 Taylor
Nous ne sommes pas si étonnés de ce résultat. On retrouve les coefficients du développement de Taylor de f (qui est C ) en 0.
II.2.6 Corollaire (``Identification'' (unicité) des coefficients)
Les coefficients d'une série entière de rayon non nul sont uniques.
Plus précisément, si anxn et bnxn sont de rayons non nuls et vérifient pour un α>0 que x]α,α[ n=0+anxn=n=0+bnxn alors nN an=bn .
II.2.7 Application importante
Si une série entière anxn est de rayon R>0 et vérifie n=0+anxn=0 pour x]R,R[ alors tous ses coefficients sont nuls.
II.2.8 Exemple
Cherchons une fonction f somme d'une série entière qui vérifie f=f . Notons anxn la série cherchée de rayon R>0 (inconnu pour l'instant).
Alors n=0+anxn=n=0+(n+1)an+1xn pour tout x]R,R[ . Alors on a pour tout nN an+1=1n+1an . Par récurrence immédiate n1 an=1n!a0 et f=a0exp qui est bien de rayon R=+>0 . On a vérifié a posteriori que l'hypothèse faite sur le rayon est cohérente avec le résultat obtenu.

III Développement en série entière

III.1 Fonctions développables

III.1.1 Définition

Soit f une fonction de classe C sur I tel que 0I et 0 n'est pas une borne de I . Le développement de Taylor de f est la série entière f(n)(0)n!xn .
III.1.2 Exemple
On a déjà vu que exp est la somme de son développement de Taylor sur R : xR exp(x)=n=0+xnn!.
On a même prouvé que znn! converge pour tout zC ( ce qui est cohérent avec ce chapitre, car le rayon de convergence de cette série entière, est + .)
On pose alors, pour zC , ez=n=0+znn! et le théorème sur le produit de Cauchy montre qu'on a bien ea+b=eaeb pour tous complexes a,b .
III.1.3 Définition

Soit f:IKI est intervalle qui contient 0 (et 0 n'est pas une borne de I ). On dit que f est développable en série entière (au voisinage de 0) ssi il existe r>0 et une série entière anxn tels que :
  • ]r,r[I
  • nNanxn est de rayon Rr
  • x]r,r[ f(x)=n=0+anxn .
Autrement dit, f est la somme d'une série entière sur un intervalle ]r,r[ contenu dans I .
La série entière anxn est appelée développement en série entière de f .
III.1.4 Résumé
Soit f une fonction développable en série entière sur ]r,r[ avec r>0 .
  1. f est C sur ]r,r[ .
  2. Le développement en série entière est unique sur ]r,r[ et il s'agit du développement de Taylor de f .
  3. Toute primitive de f est développable en série entière sur ]r,r[ .
  4. Les dérivée successives de f sont développables en série entière sur ]r,r[ .
III.1.5 Remarque
Il existe des fonctions C sans être développable en série entière. Par exemple f:xexp(1x2) prolongée en 0 par f(0)=0 est de classe C sur R (par récurrence, et application précise du théorème de prolongement C1 ). Par contre sa série de Taylor est nulle et donc f ne coïncide avec cette série sur aucun intervalle infini centré en 0.
III.1.6 Parité
Si f est DSE et paire, alors les a2n+1 sont nuls. Si f est impaire, les a2n sont nuls.
Pour obtenir ce résultat, on utilise l'unicité des coefficients sur l'égalité f(x)=f(x) ou sur l'égalité f(x)=f(x) .

III.2 Développements en pratique

Dans les preuves des résultats qui suivent se trouvent les méthodes principales pour prouver qu'une fonctions est développable et calculer son développement.
III.2.1 Exemple
Donner le DSE (si possible) de f:xln(1x)1x qui est définie sur ],1[ . Soit x]1,1[ (dans l'intervalle de convergence des deux séries entières que l'on voit apparaître ici).


n=1+1nxnn=0+xn=n=1+(k=1n1k)xn

A priori ce produit de Cauchy a un rayon de convergence R1 (cf théorème I.3.6 ) Or k11k=(Hn)n1 diverge donc la suite (Hn1n) n'est pas bornée. Ainsi R1 . Finalement R=1 et f est développable sur ]1,1[ .
Remarque : on ne pouvait pas espérer beaucoup plus pour un DSE, vu que f est définie sur ],1[ . Ceci n'empêchait pas a priori la série entière d'avoir un rayon plus grand que 1...
III.2.2 Proposition
sin et cos sont développable en série entière sur R et pour tout xRcos(x)=n=0+(1)n(2n)!x2n et sin(x)=n=0+(1)n(2n+1)!x2n+1
Preuve
Prouvons le pour cos .
Premièrement, le rayon de convergence de la série considéré est + . Soit xR et NN . Alors |cos(N+1)|1 sur tout intervalle et d'après l'inégalité de Taylor-Lagrange appliquée entre 0 et x : |cos(x)n=0N(1)n(2n)!x2n||x2N+1×1(2N+1)! Par croissances comparées |x2N+1|(2N+1)!N+0 et cos coïncide bien avec son développement de Taylor sur R .
III.2.3 Formules d'Euler
Montrons que pour xR on a cos(x)=eix+eix2 et sin(x)=eixeix2i Pour xR on a


eix+eix2=12(n=0+inxnn!+n=0+(1)ninxnn!)=12n=0+inxnn!(1+(1)n)=12k=0+i2kx2k(2k)!×2

où on a remarqué que 1+(1)n vaut 0 lorsque n est impair et 2 lorsque n est pair.
De plus, pour kN , i2k=(i2)k=(1)k . Finalement eix+eix2=k=0+(1)k(2k)!x2k=cos(x) d'après la proposition précédente.
III.2.4 Proposition
sh et ch sont développable en série entière sur R et pour tout xRch(x)=n=0+1(2n)!x2n et sh(x)=n=0+1(2n+1)!x2n+1
Preuve
Similaire. A faire en exo. On peut également utiliser les opérations sur les DSE en remarquant que ch(x)=ex+ex2 .
III.2.5 Proposition

Soit αR . fα:x(1+x)α est développable en série entière sur ]1,1[ et (1+x)α=1+n=1+α(α1)(αn+1)n!xnLe coefficient de xn est un quotient d'un produit de n termes par n! .
Si αN , le rayon de convergence est + et le développement est en fait une somme finie.
Preuve
Considérons le problème de Cauchy {y(0)=1(1+x)y(x)αy(x)=0 . Clairement fα est solution sur ]1,+[ . On considère que αN .
  • Analyse
    Cherchons maintenant une solution g somme d'une série entière de rayon R>0 , g=nNanxn .
  • Alors


    (1+x)g(x)αg(x)=0(1+x)n=1+nanxn1αn=0+anxn=0n=1+nanxn1+n=1+nanxnαn=0+anxn=0n=0+(n+1)an+1xn+n=1+(nα)anxn=0n=0+((n+1)an+1+(nα)an)xn=0


    Par unicité des coefficients d'une série entière (valable car R>0 ), on obtient la relation : nN an+1=αn(n+1)an . De plus, on doit avoir g(0)=1 c'est à dire a0=1 . Par récurrence immédiate, an=k=0n1(αk)n! .
  • Synthèse
    Considérons la série entière nNanxnan=k=0n1(αk)n!0 et a0=1 .
    Calculons le rayon de convergence R de cette série. Pour x0 on a
    |an+1xn+1||anxn|=|αn|n+1|x|n+1×|x|
    Aucun besoin de simplifier le quotient, c'est la relation de récurrence qui donne le résultat.
    Ainsi si |x|>1 la série entière diverge et donc R1 .
    De plus, si |x|<1 la série converge et donc R1 .
    Finalement, R=1>0 et le calcul fait dans l'analyse montre que la fonction somme est solution du problème de Cauchy considéré sur ]1,1[ .

Par unicité de la solution à un problème de Cauchy (sur un intervalle), fα est développable en série entière sur ]1,1[ .
III.2.6 Exemple
Soit pN{0} . Donnons le DSE de x1(1x)p qui est de rayon 1 d'après le théorème précédent.
Nous devons calculer, pour nN{0} , k=0n1(pk)=(1)nk=0n1(p+k)=(1)n(n+p1)(p1)! . Ainsi, pour x]1,1[1(1x)p=n=0+(1)n(n+p1)!(p1)!1n!(1)nxn=n=0+(n+p1p1)xn
III.2.7 Exemple
Montrons que arcsin est DSE et donnons son développement.
x11x2 est DSE sur l'ensemble {xR| x2]1,1[}=]1,1[ . et on a pour x]1,1[ : 11x2=n=0+k=0n1(12k)1n!(1)nx2n (rappel : un produit vide vaut 1 par convention).
Or pour nN{0} , k=0n1(12k)=k=0n12k12=(1)n2nk=0n1(2k+1)=(1)n2n(2n)!2nn! par l'opération classique consistant à multiplier et diviser par le produit des nombres pairs entre 2 et 2n .
Finalement, 11x2=n=0+(2n)!4n(n!)2x2n=n=0+(2nn)4nx2n . Par intégration terme à terme : arcsin(x)=0arcsin(0)+n=0+(2nn)(2n+1)4nx2n+1 et le rayon de convergence est 1.
III.2.8 Formulaire
A savoir
11x=n=0+xnx]1,1[
ln(1+x)=n=1+(1)n1nxnx]1,1[
(1+x)α=n=0+α(α1)(αn+1)n!xnx]1,1[
(1+x)α=1+n=1+k=0n1(αk)n!xnx]1,1[
ex=n=0+xnn!xR
cos(x)=n=0+(1)nx2n(2n)!xR
sin(x)=n=0+(1)nx2n+1(2n+1)!xR
ch(x)=n=0+x2n(2n)!xR
sh(x)=n=0+x2n+1(2n+1)!xR
A savoir refaire
ln(1x)=n=1+xnnx]1,1[
ln(1+x)=n=1+(1)n1nxnx]1,1[
arcsin(x)=n=0+(2nn)(2n+1)4nx2n+1x]1,1[
arctan(x)=n=0+(1)n2n+1x2n+1x]1,1[