On fixe deux entiers naturels
qui valent
en pratique.
Le cadre général est ici de considérer des fonctions
où
.
Dans le cas
, on considère par exemple des fonctions de la forme
où
est une colonne de
.
I Continuité
I.1 Domaines de définition
I.1.1 Définition
Soit
et
La boule ouverte de rayon
et de centre
est
.
La boule fermée de rayon
et de centre
est
.
I.1.2 Illustration
Lien avec la forme du domaine de convergence d'une série entière.
On illustre ces définitions dans le cas
. Pour
, il faut considérer des sphères plutôt que des cercles.
I.1.3 Définition-proposition
Soit
une partie de
. Les propositions suivantes sont équivalentes.
il existe
tels que
.
pour tout
il existe
tel que
.
il existe
tel que
.
Dans ce cas, on dit que
est une partie
bornée
de
.
Preuve
. On note
les objets dont l'existence est assurée par
. Soit
. On doit trouver
tel que
. Or, pour
on a déjà
. Alors
. Comme
ne dépend pas de
, on peut poser la constante
qui convient.
. Il suffit d'appliquer 2 à
et alors
convient.
. De même,
conviennent.
I.1.4 Exemple
Toute boule ouverte ou fermée est bornée.
est bornée,
n'est pas bornée.
I.1.5 Définition
Soit
une partie de
.
On dit que
est une partie
ouverte
de
(on dit aussi que
est un ouvert) ssi
On dit que
est une partie
fermée
de
ssi
(son complémentaire)
est une partie ouverte.
Dans un ouvert
, on peut toujours se placer ``suffisamment proche'' d'un point et rester dans
.
Une première approche est de voir que pour un ouvert la ``frontière'' est exclue alors qu'elle est
incluse dans un fermé.
I.1.8 Définition
Soit
une partie de
et
.
On dit que
est un point intérieur à
ssi
.
En particulier
.
On dit que
est un point extérieur à
ssi
.
En particulier
et
est intérieur au complémentaire de
.
On dit que
est un point adhérent à
ssi
.
Cette fois on n'a pas forcément
. Par contre,
n'est pas extérieur à
.
On dit que
est un point frontière de
ssi
est à la fois adhérent et pas intérieur
à
.
De manière équivalente, pour tout
, la boule ouverte
a une intersection non vide avec
et son complémentaire.
I.1.9 Illustration graphique
Tracer les différents ensembles pour
la boule unité qui ne contient qu'une demi frontière :
.
I.1.10 Proposition
Soit
une partie non vide de
. On note
le complémentaire de
.
Soit
est intérieur à
ssi
n'est pas adhérent à
.
est adhérent à
ssi
n'est pas intérieur à
.
est ouvert ssi tout point de
est intérieur à
.
est fermé ssi tout point adhérent à
est un point de
.
Tout point de
est adhérent à
.
Tout point intérieur à
est un point de
.
Preuve
Simple jeu avec les définitions. Bon exercice théorique pour vérifier la connaissance de celles-ci.
I.2 Fonctions continues
I.2.1 Représentation graphique
On considère une fonction
où
.
Alors on peut considérer l'ensemble des points de l'espace vérifiant l'équation
.
Il s'agit de la surface représentative de
.
I.2.2 Définition
Soit
une partie de
et
. Soit
.
Soit
un point adhérent à
.
On dit que
admet
comme limite en
ssi
Il faut comprendre
comme la norme dans
et
comme la norme dans
.
Soit
.
On dit que
est continue en
ssi
est
continue
sur
ssi
est continue en tout point de
.
I.2.3 Proposition
Soit
une fonction continue où
est une partie de
.
L'ensemble
est un ouvert.
Les ensembles
sont des fermés.
Preuve
Soit
tel que
. On veut trouver une boule ouverte centrée en
telle que
tous ses éléments aient une image strictement positive par
.
Notons
. Alors, par définition de la continuité, on peut poser
tel que
si
alors
. Mais alors
par inégalité triangulaire.
Il reste à remarquer que
.
est ouvert, car
est clairement continue.
Ainsi
est fermé tout comme
.
De plus, l'intersection de deux fermés est fermé (car la réunion de deux ouverts est clairement ouverte).
I.2.4 Théorème
Soit
où
.
On note
les fonctions coordonnées de
.
est continue (en un point ou sur
) si et seulement si toutes les
sont continues.
Une somme de fonctions continues est continue, le produit d'une fonction continue par un réel est continue
(
est un
-espace vectoriel)
Si
(fonctions à valeurs réelles), le produit de deux fonctions continues est encore continue.
L'inverse d'une fonction continue qui ne s'annule pas est continue.
Soit
telle que
.
Si
et
sont continues alors
est continue sur
.
Preuve
Reprendre les preuves de 1ère année en adaptant les notations.
I.2.5 Exemple
On considère des fonctions de deux variables.
est continue sur
. Revenir à la définition
est continue sur
.
est continue (par produits et sommes).
Plus généralement, toute fonction polynomiale en
est continue.
est continue sur
par composition.
I.2.6 Applications partielles
Soit
,
.
Les applications partielles de
en
sont les fonctions
(on fixe toutes les variables sauf la
ème)
définies partout où c'est possible.
Si
est continue en
alors toutes les
sont continues en
.
La réciproque est fausse, on peut montrer que
n'est pas continue en
pourtant les deux applications partielles sont nulles donc continue sur
.
Indication : On se place sur l'arc paramétré
et on fait tendre
vers 0 : on se place arbitrairement près de
mais
prend des valeurs arbitrairement grande.
I.2.7 Théorème (Image d'un fermé borné)
Soit
fermée et bornée
et
Si
est continue sur
, alors
est une partie fermée et bornée de
.
Si
et que
est continue, alors
est bornée et atteint ses bornes :
et
.
Preuve
Totalement hors programme.
Posons
. On veut montrer que
est bornée. Par l'absurde, supposons que
n'est pas bornée
.
On peut ainsi créer une suite
telle que
.
Or, par définition, chaque
possède au moins un antécédent dans
.
On en choisit un que l'on note
.
Alors
est une suite d'éléments de
qui est borné et on peut alors (théorème de Bolzano-Weierstrass,
appliqué
fois successivement), extraire une suite
qui converge vers
.
Montrons que le fait que
est fermé implique que
.
Déjà,
n'est pas extérieur à
, car si on avait
tel que
alors
pour tout
ce qui contredit
.
Ainsi
est adhérent à
d'après
I.1.10
.
D'après cette même proposition et comme
est fermé,
.
Maintenant on a
qui converge vers
et comme
est continue,
.
En posant
on a deux choses :
par construction et
par continuité de la norme (cette continuité est vraie par produits,
sommes, puis composition par
).
Contradiction
Ainsi
est borné. Montrons maintenant que
est fermé, c'est-à-dire que tout point adhérent de
est un point de
.
Soit
adhérent à
. Pour
on a donc (avec
dans la définition)
.
Notons
un élément de cette intersection.
On a construit une suite
d'éléments de
telle que
et donc
.
Comme précédemment, on construit une suite
telle que
pour tout
et on en extrait une suite
qui converge vers
. Alors par unicité de la limite,
et donc
.
Finalement,
est bien fermé en plus d'être borné.
I.2.8 Remarque
Il s'agit de la version plusieurs variables du théorème important : l'image d'un segment par une application continue est un segment.
I.2.9 Exemple
Voici des exemples de parties fermées et bornées :
,
.
II Dérivées partielles
Ici, pour simplifier la rédaction, on fixe
, il suffit d'enlever une variable pour retrouver le cas d'une fonction de deux variables.
II.1 Dérivabilité
II.1.1 Définition
Soit
où
. Soit
un point
intérieur
à
.
On dit que
possède une dérivée partielle par rapport à
en
ssi l'application partielle
(qui est définie sur un intervalle centré en
, car
est intérieur) est dérivable en
.
Ce nombre dérivé est alors noté
ou
.
On définit de même
et
.
II.1.2 Remarque
Il s'agit toujours de se ramener à une fonction d'une variable, en fixant les autres au point qui nous intéresse.
II.1.3 Attention
Même si
est définie sur une partie fermée, on ne parle de la dérivabilité qu'à l'intérieur de
.
On pourra rencontrer des fonctions continues sur
et dérivable seulement sur
.
II.1.4 Exemple
Calculer les dérivées partielles, si possible, pour :
.
II.1.5 Définition
Soit
un
ouvert
de
et
.
On dit que
est de classe
sur
ssi
possède
dérivées partielles sur
et que ces fonctions de
variables sont continues sur
.
II.1.6 Exemple
Les fonctions précédentes sont de classe
sur
II.1.7 Définition
Soit
un ouvert et
(remarquez le cas
).
Si
possède des dérivées partielles en
, le gradient de
en
(noté
) est le vecteur
.
En physique, le gradient est parfois noté
II.1.8 Exemple
Calculer le gradient de la première fonction de l'exemple précédent.
Attention à ne pas confondre avec les vecteurs obtenus en dérivant (partiellement) une fonction avec
.
II.2 Taylor-Young
Cette fois, on énonce les théorèmes dans le cas
, pour simplifier l'écriture.
II.2.1 Théorème
Soit
une fonction
, où
est un ouvert de
.
Soit
. Pour
de norme ``assez petite''
Preuve
Une idée de preuve.
En admettant que les applications partielles sont de classe
, on a déjà (en fixant la deuxième variable)
Comme
est continue en
,
.
Pour faire le lien entre les
, il faut voir que
(par croissante de
).
On répète l'opération sur
pour obtenir la formule de Taylor.
II.2.2 Le petit o
Il s'agit ici d'une fonction de 2 variables
telle que
.
II.2.3 Exemple
Écrire la formule dans le cas de 3 variables.
II.2.4 Corollaire
Une fonction de classe
est continue.
II.2.5 Cas n = 1
Dans le cas où
est à valeurs réelles, on obtient
ou encore, en notant
,
II.2.6 Définition
Soit
une fonction de deux variables, de classe
sur l'ouvert
. Soit
.
Le plan
est le plan tangent
à la surface représentative de
au point
.
II.2.7 Exemple
Donner le plan tangent à la surface représentative de
en
.
est
sur l'ouvert
par produit et pour
on a
Ainsi le plan cherché est d'équation
II.2.8 Proposition (Composition)
Soit
(
ouvert) et
une fonction définie sur un intervalle
et à valeurs dans
.
Si
sont de classe
, alors
est de classe
sur
et pour
Preuve
Il s'agit d'appliquer la formule de Taylor-Young à
.
On lit la valeur de
comme facteur de
, d'après le cours de première année
(car
est une fonction d'une variable).
Or
.
Il s'agit maintenant de regrouper les différents
qui sont soit des
soit des fonctions négligeables devant
, pour obtenir le résultat voulu.
II.2.9 Exemple
On considère
de classe
et
.
Calculer la dérivée de
(évolution d'un champ scalaire le long du cercle unité).
II.2.10 Proposition (Composition, changement de variables)
On considère
et
où
est un ouvert de
et
un ouvert de
.
Si
et que les fonctions
sont de classe
alors
est de classe
sur
.
Si on note
et
et
les fonctions coordonnées, alors
dépend des variables
et pour
⟦⟧
et
Preuve
On dérive par rapport à une seule variable, que l'on peut noter
et on applique le théorème précédent.
II.2.11 Proposition (Un exemple)
Avec les mêmes notations que la proposition précédente.
On note
et
(
sont des fonctions de deux variables et
est à valeurs dans
).
Alors
et on a
Pour appliquer cette formule, il faut utiliser la notation
ou alors
bien différencier la manière dont on note les variables des fonctions en jeu
II.2.12 Exemple
Soit
(variables notées
) de classe
.
Calculer les dérivées de
.
On trouve
et
II.2.13 Gradient en coordonnées polaires
On reprend les mêmes notations qu'à l'exemple précédent.
On cherche à exprimer le gradient en un point
différent de l'origine,
en fonction des coordonnées polaires
de
, c'est-à-dire exprimer le vecteur dont les coordonnées
cartésiennes sont
en fonction de
,
les dérivées de
et des vecteurs
.
On convient de noter seulement les dérivées partielles dans ce qui va suivre, en considérant qu'on évalue ces dérivées
en
pour
et en
pour
.
La relation trouvée précédemment s'écrit sous forme matricielle comme
ou encore, en divisant
par
(
pour faire apparaître une matrice de rotation qui est une matrice orthogonale
)
En multipliant par l'inverse de cette matrice de rotation (
qui est sa transposée
)
II.2.14 Définition (Dérivées d'ordre supérieur)
Comme pour les fonctions d'une variable, on peut évidemment continuer à dériver des dérivées partielles
si elles sont dérivables. On introduit alors la classe
et les justifications sont les mêmes que pour la classe
La notation est la suivante :
II.2.15 Exemple
Soit
.
Calculer
et
II.2.16 Théorème (Théorème de Schwarz)
Si
est de classe
sur un ouvert
de
, alors
(et de même avec toutes les autres variables éventuelles).
II.3 Équations aux dérivées partielles
II.3.1 Exemple
On souhaite résoudre l'équation (où
est définie et
sur
)
Pour cela on effectue le changement de variable
.
On a donc
.
Ceci revient à poser une nouvelle fonction
Le changement de variables est bijectif de
dans
et donc
est définie sur
Ainsi
.
Ainsi
est de dérivée constante si on ne considère que la variable
.
Donc
où
est une fonction de classe
qui ne dépend que de la variable
.
Finalement, les solutions sont de la forme
.
II.3.2 Exemple
Chercher les solutions
de classe
sur
vérifiant
Pour cela on pourra passer en coordonnées polaires.
On pose
, avec
.
On a alors
.
On pose
qui est bien
par composition.
Alors
.
Ainsi
devient
ou encore
.
Ainsi
où
est une fonction
sur
.
Finalement,
où
est une fonction
II.3.3 Exercice
Résoudre l'équation précédente par changement de variable
.
II.3.4 Exemple
On considère l'équation de la chaleur
est une constante strictement positive représentant une vitesse de propagation.
On cherche une solution
sur
.
Résoudre en posant
et calculer la dérivée d'ordre 2 croisée.
On pose
qui est
par composition.
et donc
et finalement
. Il reste à traduire sur
.
III Extrema
III.1 Points critiques
On suppose
pour alléger les notations. La généralisation est immédiate.
III.1.1 Définition
Soit
une fonction à valeurs
réelles
et
.
Soit
. On dit que
possède un maximum local (resp. minimum local)
ssi il existe un
tel que
(resp.
).
Soit
une fonction à valeurs réelles et
.
Un point
intérieur
à
est appelé
point critique
de
ssi
(toutes les dérivées partielles s'annulent simultanément).
III.1.4 Exemple
Cas des fonctions numériques :
.
Soient
. Trouver les points critiques de
III.1.5 Interprétation graphique
Dans le cas d'une fonction d'une variable, il s'agit de la présence d'une tangente horizontale
(qui n'est garantie que lorsque la dérivée s'annule en un point qui n'est pas une borne de l'intervalle de définition).
Dans le cas d'une fonction de deux variables, le plan tangent en un point critique est horizontal.
Il possède une équation de la forme
où
est une constante.
III.1.6 Proposition
Soit
une fonction à valeurs réelles et
un
ouvert
. Soit
.
Si
possède un extremum local en
alors
est un point crique de
.
Preuve
Notons
. On considère l'application partielle
.
Vu que
est à l'intérieur de
,
est dérivable sur un intervalle ouvert et admet un extremum
en
qui n'est pas une borne. Donc sa dérivée s'annule en
ie
.
On raisonne de même pour chaque dérivée partielle.
III.1.7 Exemple
et
. Trouver les extrema s'il en existe.
Réponse :
est continue par produits et somme sur le fermé
donc possède un minimum et un maximum.
Sur l'ouvert
,
n'a qu'un point critique en
et sa valeur est 0 qui est clairement un minimum global.
Cherchons le maximum de
sur la frontière.
On paramètre les points de la frontière par
et
pour un
et on pose
est clairement paire, on l'étudie sur
.
Pour
,
qui est maximale quand
ie
.
Ainsi,
est maximale en
et
et sa valeur maximale est 2.
III.2 Matrice hessienne
III.2.1 Théorème (Taylor-Young, ordre 2)
Soit
où
est un ouvert non vide de
.
Soit
et
tel que
.
Il faut comprendre ce
comme représentant une limite quand
.
Preuve
Admis
III.2.2 Définition
Soit
où
est un ouvert non vide de
.
Soit
fixé.
La
matrice hessienne
de
au point
est la matrice
III.2.3 Réécriture de la formule de Taylor
On se place dans le même cadre que le théorème, on note
et
la matrice hessienne de
en
.
On a alors
III.3 Étude des extrema
III.3.1 Théorème
Soit
où
est un ouvert non vide de
. Soit
un point critique de
.
Notons également
la matrice hessienne de
au point
et
ses valeurs propres réelles.
Cas λ, μ > 0 :
f atteint un minimum local en X0.
Cas λ, μ < 0 :
f atteint un maximum local en X0.
Cas λ, μ de signes stricts opposés :
f n’a ni maximum local ni minimum local en X0. On a un point selle ou point col en X0.
Cas λμ = 0 :
si une seule valeur propre est nulle, on peut conclure comme au-dessus. Si les deux valeurs propres sont nulles, on ne peut pas conclure.
Remarquons que
et
.
Ainsi on pourra distinguer les 4 cas précédents sans connaître
ni
.
Preuve
On se place dans le cadre où
possède un point critique en
fixé.
On a alors
.
Ainsi
et
est du signe de
quand
est au voisinage de
.
Réduisons la matrice
(qui dépend de
...) : il existe
et
telles que
.
Alors pour
,
en notant
Ainsi
est du signe de
pour
(ou
) ``proche'' de 0.
III.3.2 Exemple
Considérons
. Trouvons les éventuels extrema.
Tout d'abord,
est de classe
sur l'ouvert
en tant que fonction polynomiale.
Pour
,
et
.
On a trois solutions :
.
Calculons maintenant la matrice hessienne au point
En
,
est de rang 1. Comme
, les valeurs propres sont
et il s'agit d'un point col.
En
et
,
.
donc
possède un minimum local en ces deux points,
qui vaut
.
III.3.3 Exemple
Étudier les extrema de
est
sur son ensemble de définition par produits et somme.
De plus, pour
,
Les points critiques de
sont
.
En
,
qui est clairement un minimum global. En
,
.
Calculons la matrice hessienne.
En
on obtient
de déterminant
.
n'a ni minimum local ni maximum local en ce point.