Dans tout ce cours,
désigne un intervalle non vide et non réduit à un point.
I Fonctions à valeurs dans
En pratique,
, mais cette distinction n'est pas vraiment nécessaire dans ce qui va suivre.
I.1 Norme, distance
I.1.1 Définition
Si
, sont de coordonnées
, alors le produit scalaire (canonique) de
(noté
) est
La norme de
est donnée par
et la distance de
à
est
. On note cette dernière
.
I.1.2 Proposition
Le produit scalaire est symétrique (
), bilinéaire, positif (
)
La norme vérifie :
Pour
Les trois dernières propriétés sont appelées inégalité triangulaire
I.2 Continuité, dérivabilité
I.2.1 Définition
Soit
une fonction,
et
. On dit que
admet
comme limite en
(notations habituelles) ssi
Dans le cas où
existe, elle est unique et vaut
. On dit alors que
est continue en
.
est dite continue sur
si elle est continue en tout point
de
.
I.2.2 Proposition
Soit
,
(les
fonctions
sont appelées applications coordonnées).
Soit
et
.
⟦⟧
Preuve
Pour
et
⟦⟧
, on a
(avec égalité ssi toutes les autres coordonnées de
sont nulles).
Or
.
Ainsi SI
ALORS
.
Réciproquement, observons que
. Par compositions, somme puis composition (trouver les fonctions), si tous les
tendent vers 0 alors
.
I.2.3 Remarque
On retrouve le fait (connu) que la continuité des fonctions à valeurs complexes est équivalente à celles des parties réelle et imaginaire.
De manière plus générale,
est continue ssi toutes ses applications coordonnées sont continues.
I.2.4 Définition (Dérivabilité)
La définition de la dérivabilité (tout court, à gauche ou à droite) est mot pour mot la même que pour des fonctions à valeurs réelles. Seule change la définition du symbole
utilisé.
Remarquons que les quotients du type
sont bien définis car
est un réel (ce quotient est bien définit dès que
est à valeurs dans un
: on doit pouvoir faire des produits par des réels et une soustraction sur les valeurs de
).
Quand
est dérivable sur
, la fonction dérivée
est à valeurs dans
.
I.2.5 Cinématique
Si la fonction
étudiée représente les coordonnées d'un mobile au cours du temps, alors
est le vecteur vitesse du mouvement.
I.2.6 Proposition
est dérivable (en un point ou sur
) ssi ses fonctions coordonnées
le sont et on a alors
.
est alors continue.
I.2.7 Exemple
est dérivable sur
. Reconnaître la fonction à valeurs complexes associée.
I.2.8 Proposition
L'application
est linéaire de
dans
ie pour
dérivables et
,
.
Preuve
Le vérifier sur chaque coordonnée.
I.2.9 Proposition
Soient
(
est à valeurs dans
).
est dérivable et
.
Si
ne s'annule pas
est dérivable et
est dérivable sur
et
est dérivable et
(cas
)
est dérivable et
.
(cas
)
est dérivable et
.
I.2.10 Exemple
Soit
dérivable. Etudier la dérivabilité et la dérivée de
.
I.3 Taylor-Young
I.3.1 Dérivées d'ordre supérieur
On peut étendre de manière similaire (en reprenant les même définitions, puis on constate qu'il suffit de vérifier la propriété sur les fonctions coordonnées) les notions de dérivées d'ordre
, de classe
pour les fonctions à valeurs dans
.
I.3.2 Combinaison linéaire, produit
Les formules de dérivée
-ième usuelles s'appliquent encore (avec les même preuve) dans le cas d'une combinaison de fonctions
et dans le cas du produit
où
et
(l'idée est qu'il faut s'assurer que les opérations en jeu possèdent un sens : pas de produit de vecteur, on ne somme pas un nombre et un vecteur...)
I.3.3
Dans la suite du chapitre, la notation
représente une fonction (à valeurs dans
) dont la limite en a est
. Il s'agit donc d'une fonction à valeurs dans
dont toutes les coordonnées sont des
(celui que l'on connaissait). Plus généralement si
est à valeurs réelles,
sera une fonction vectorielle dont toutes les coordonnées sont des
au sens habituel.
I.3.4 Théorème (Taylor-Young)
Soit
et
Alors
éé
II Etude de courbes
II.1 Courbes dans
II.1.1 Définition
Une courbe paramétrée de classe
dans
est une fonction
. Le
support
de la courbe est
(l'ensemble des points
, ou encore la trajectoire du point
) .
II.1.2 Exemple
Quel est le support de la courbe
définie sur
? Remarquer que la variable
n'apparaît pas graphiquement.
On note souvent
. Le but n'est pas de tracer la courbe représentative des fonctions
mais bien la trajectoire du mobile dont on connaît les coordonnées en fonction du temps.
II.1.3 Définition
Soit
une courbe
et
. Si
, on dit que le point
est régulier, sinon on dit qu'il est singulier.
Si tous les points de
sont régulier,
est dite régulière.
II.1.4 Courbes représentatives
Soit
une fonction
(numérique). On considère la courbe
.
Le support de
est alors
, c'est à dire la courbe représentative de la fonction
!
De plus,
est régulière.
Question subsidiaire : que dire de la courbe paramétrée
?
II.2 Domaine d'étude
Très souvent, il faudra calculer
. Tout comme pour les fonctions numériques paires, impaires ou périodiques, on peut parfois réduire l'étude à un intervalle plus petit. Ceci correspond à une certaine symétrie du support de la courbe.
II.2.1 Résumé des symétries connues
Notons
et
un autre point.
Coordonnées de
est le
symétrique de
par rapport à
symétrique de
par rapport à
symétrique de
par rapport à au point
symétrique de
par rapport à
symétrique de
par rapport à
translaté de
par le vecteur
En règle générale, un schéma représentant les points M et M' permet de retrouver la symétrie.
II.2.2 Réduction du domaine d'étude
Notons
un point de la courbe
. Le principe de la réduction de domaine d'étude est de calculer les coordonnées de
pour une fonction
bien choisie de telle manière que
est l'un des symétrique vu au point précédent.
Si c'est le cas, on peut réduire le domaine d'étude puis compléter le tracer par la symétrie trouvée.
Donnons une liste non exhaustive des transformations classiques
.
Forme de D
Point à calculer
Domaine réduit
Quelconque
sur une période, souvent
centré en 0
II.2.3 Exemple
Donnons un domaine d'étude de
.
est définie sur
.
Soit
.
(
ce n'est même pas une transformation, on retrouve exactement le même point
).
Ainsi on peut étudier
sur
pour obtenir le support complet.
est le symétrique de
par rapport à
. Ainsi on étudie
sur
et on complétera le tracé par symétrie par rapport à
.
est le symétrique de
par rapport à
. On étudie
par sur
.
Le calcul de
n'aboutit par à une des formes connues. On arrête la réduction de domaine.
II.3 Tangentes, variations
Maintenant que nous disposons d'un domaine d'étude raisonnable, il nous faut tracer l'allure du support.
Pour cela nous allons déterminer si la courbe se ``dirige'' vers la gauche ou la droite (
est décroissante ou croissante), vers le haut ou le bas (variations de
).
II.3.1 Etude des variations
Il s'agit là simplement de donner un tableau de variations complet pour
, tout en notant les points d'annulation des dérivées (on repère ainsi les éventuels points singuliers).
II.3.2 Cordes
La corde passant par les points (distincts)
est dirigée par le vecteur unitaire
II.3.3 Définition
Soit
une courbe paramétrée et
.
On dit que
possède une demi tangente à gauche (resp. à droite) en
ssi
existe (resp. limite à droite).
Notons
ces limites quand elles existent.
La demi-tangente à gauche de
en
est alors
et la demi-tangente à droite est
, c'est à dire les droites passant par le point
est dirigées par les vecteurs
.
Si ces droites sont confondues (
sont colinéaires) alors la tangente à
en
est définie comme étant cette même droite.
II.3.4 Théorème
Si
est un point régulier de la courbe
alors
possède une tangente en
dirigée par
.
Preuve
D'après le théorème de Taylor-Young, et par continuité de la norme,
.
Ainsi
.
II.3.5 Exemple
Reprenons
.
est clairement dérivable sur
car ses deux fonctions coordonnées le sont. De plus, pour
, on a
On en déduit le tableau de variations.
0
0
On remarque qu'en
, la tangente est dirigée par
: elle est verticale. De plus, en
la tangente est dirigée par
: elle est horizontale.
Finalement, en
, la tangente est dirigée par
.
II.4 Tracé
II.4.1 Méthode
Placer tous les points étudiés dans la phase précédente, ainsi que les tangentes en ces points.
Tracer la courbe passant par ces points, tangente à ses tangentes. Le tracé doit respecter les variations.
Effectuer les symétries dans l'ordre inverse de leur découverte.
II.4.2 Exemple
Toujours pour la courbe
. On commence par tracer sur l'intervalle
. On place ensuite les symétrique des 3 points et 3 tangentes par rapport à
pour obtenir le tracé sur
(partie noire + rouge sur la figure).
Ensuite on place les symétriques par rapport à
des 5 points et 5 tangentes pour obtenir le tracé final sur
.
II.5 Étude en un point
Le cadre ici est d'étudier plus particulièrement l'allure de la courbe au voisinage du point
où
est fixé. En particulier, on pourra trouver la tangente dans les cas des points singuliers.
II.5.1 Continuer à dériver
Le raisonnement du théorème
II.3.4
s'étend sans difficulté cas le cas où
mais
pour un
(que l'on prend le plus petit possible).
Allons plus loin et trouvons de plus
le plus petit entier tel que
est libre.
Alors dans le repère
, les coordonnées de
(notées
) vérifient
c'est à dire que la courbe ``suit'' les directions d'abord de sa tangente (de direction
) puis de
.
Plus précisément, dans
on a plus sieurs cas :
Si
est pair, alors
ne change pas de signe et donc on reste toujours du même côté de l'axe dirigé par
.
Si
est pair, alors
ne change pas de signe et donc la courbe reste toujours du même côté de sa tangente (qui est l'axe dirigé par
).
on adapte les raisonnements dans les cas impairs pour trouver les 4 cas du points suivant.
II.5.2 Cas général
Suivant la parité de
on obtient les 4 cas de la figure
II.5.2
.
Étude locale
impair correspond à la première ligne,
paire à la seconde.
pair correspond aux cas 1 et 4 (sur la diagonale).
II.5.3 Méthode
Pour étudier l'allure d'une courbe au voisinage d'un point de paramètre
(par exemple un point singulier).
Trouver le pus petit entier
tel que
. C'est un vecteur directeur de la tangente.
Trouver le plus petit entier
tel que
n'est pas colinéaire à
(
on peut utiliser un déterminant
) pour conclure sur l'allure.
II.5.4 Cas p=1, q=2
La vitesse et l'accélération ne sont pas colinéaires.
C'est le cas le plus classique. Le point est dit
birégulier
. Dans ce cas la vitesse donne la direction de la tangente et l'accélération le sens de ``courbure''.
II.5.5 En pratique
On peut tout à fait utiliser un développement limité de
pour obtenir des vecteurs proportionnels aux dérivées successives.
II.5.6 Exemple
Etudier la tangente au point de paramètre 0 de
.
sont des fonctions de classe
. Deux méthodes pour étudier l'allure de la courbe en
.
On a
et donc il s'agit d'un point singulier. De plus
. Ainsi
dirige la tangente au point de paramètre
.
On a ici p = 2
. Pour finir,
et
et donc
n'est pas colinéaire à
.
C'est à dire que q = 3
. On a donc ici un point de rebroussement de première espèce.
Donnons des développements limités des fonctions
.
Ainsi, comme
est de classe
au moins, on a
(
la colonne en facteur de
),
(
la colonne en facteur de
) et
(
facteur de
) et on conclut comme dans la méthode précédente.
II.5.7 Exercice
Trouver en fonction de
les éventuels points singuliers de
II.6 Branches infinies
II.6.1 Définition
Soit
une courbe paramétrée et
.
On dit que
possède une branche infinie au voisinage de
si
et
existent et qu'on est dans l'un des cas suivant
Une des limite est infinie et l'autre finie : on obtient une asymptote qui est horizontale (lorsque seulement
tend vers l'infini) ou verticale (lorsque seulement
tend vers l'infini).
Ces deux limites sont infinies.
Si
alors on dit que
possède une branche parabolique de direction
.
Si
alors on dit que
possède une branche parabolique de direction
.
Si
est un réel
non nul
, il y a deux cas
si
alors on dit que la droite
est asymptote à
.
sinon on dit que
admet une branche parabolique de pente
.
II.6.2 Illustration
AsymptotesBranches paraboliquesAsymptote et branche parabolique obliques
II.6.3 Exemple
Etudier les branches infinies de
.
Passons sur l'étude des variations et des limites qui ne présente pas de difficulté particulières. On trouve le tableau suivant.
0
0
Lorsque
on a
. Ainsi on observe une asymptote horizontale d'équation
lorsque
.
Le raisonnement et le résultat sont exactement les mêmes lorsque
.
Lorsque
on a
et
(suivant que la limite est calculée en
). Ainsi, on observe une asymptote verticale d'équation
lorsque
et lorsque
Étudions la branche infinie lorsque
. On a cette fois
.
Nous devons donc étudier l'éventuelle limite en
de
. Soit
. Alors Remarquons que la limite est la même en
.
On trouve une limite finie
, étude de
. Maintenant On a factorisé le polynôme
en remarquant que 1 est racine. Finalement, lorsque
on observe une asymptote oblique d'équation
.
Sur le tracé qui suit, on a représenté la courbe en noir, l'asymptote verticale en rouge, l'asymptote horizontale en vert et l'asymptote oblique en bleu.
Plusieurs remarques.
La partie de courbe pour
ressemble à une branche d'hyperbole.
Pour
, on repart du ``haut'' de l'asymptote verticale et on observe une tangente verticale à l'origine en
. Le courbe ``repart'' ensuite vers le bas de l'asymptote oblique.
Pour
, la courbe ``arrive'' de l'asymptote oblique, puis on observe une antre tangente verticale en
et enfin l'asymptote horizontale.
II.6.4 Exercice
Sur le tracé précédent, on observe un point double, par lequel la courbe passe deux fois. Chercher
tels que
. D'après l'analyse du tracé, on doit trouver
et
.
Indication :
faire apparaître la quantité
ou son opposé en facteur pour pouvoir simplifier
II.7 Plan d'une étude
On pose
et on note
et
ses fonctions coordonnées.
Souvent, l'intervalle de définition de
ne sera pas donné. il faut alors commencer l'étude par déterminer le domaine de définition de la courbe.
Définir ensuite un domaine d'étude le plus restreint possible en utilisant les symétries des expressions pour
et
.
Déterminer les variations et les limites de
et
, et on résume ces informations dans un tableau de variations.
Exhiber les tangentes "intéressantes" ainsi que les points singuliers s'il y en a.
Etudier les branches infinies éventuelles.
Tracer la courbe en utilisant toutes les informations précédemment glanées.
Repérer s'il y a des points
multiples
(par lesquels la courbe passe plusieurs fois) et les déterminer en trouvant
tels que
.