Chargement en cours
Si vous cliquez sur une référence, la définition ou le théorème apparaitra ici
Chapitre 4 : Séries entières

I Rayon de convergence

I.1 Série entière

I.1.1 Définition
  • Une série entière de variable zK est une série de la forme nNanznanC .
  • Les termes de la suite (an)nN sont appelés les coefficients de la série entière.
  • Pour chaque zK on étudie la convergence de la série numérique nNanzn . L'ensemble des zK pour lesquels la série entière converge est appelé domaine de convergence.
  • La somme de cette série entière est la fonctionf:zn=0+anzn définie sur le domaine de convergence.
I.1.2 Remarque
Comme pour les séries numériques, on peut considérer des séries entières dont le premier terme n'est pas d'indice 0 . Pour revenir dans le cadre du cours, on considère que les premiers termes de (an) sont nuls. La convergence des séries numériques ne dépend pas de la valeurs des premiers termes (mais la somme oui !).
Explication
On reconnaît une série entière au fait qu'on voit apparaître la variable z à la puissance n exactement (l'indice de somme) et que le facteur de zn est une quantité qui ne dépend que de n et pas de z : son coefficient.
Plus précisément, chaque somme partielle est une fonction polynomiale de la variable z .
I.1.4 Proposition (Rappel)
Soit (bn)CN une suite de nombres complexes. bnn+0|bn|n+0
Preuve
Simple écriture de la définition, pour nN on a évidemment |bn0|=||bn|0|=|bn| .
I.1.5 Exemple
Soit zC . On a vu que la série numérique nNzn converge ssi |z|<1 . On peut donc considérer la série entière nNzn qui est bien définie sur D={zC| |z|<1} . C'est le disque unité ouvert.
On a alors n=0+zn=11z .
I.1.6 Définition

On considère deux séries entières nNanzn et nNbnzn .
  1. La série somme nNanzn+nNbnzn est la série entière nN(an+bn)zn .
  2. Le produit de nNanzn par le scalaire λC est la série entière nNλanzn .
  3. La série produit est la série entière nNcnznnN cn=k=0nakbnk
I.1.7 Remarque
Si les séries numériques nNanzn et nNbnzn convergent pour une valeur de zC , alors la série somme et la série produit par un scalaire convergent aussi pour ce z .
Pour assurer la convergence de la série produit, il faut supposer la convergence absolue des séries numériques.
I.1.8 Exemple
Trouver D1 le domaine de convergence de nN2nzn et D2 celui de nNnzn . Où est définie la série somme ?
Soit zC
  1. nN(2z)n converge ssi |2z|<1 donc D1={zC| |z|<12} .
  2. Pour D2 , remarquons d'abord que si |z|1 alors nzn0 et donc la série nNnzndiverge grossièrement.
    Supposons donc |z|<1 . Alors n2×nzn=n3zn+0 (elle tend vers 0 en module) et donc |nzn|=o+(1n2) . Comme 1n2 converge, par comparaison de séries à termes positifs, nznconverge absolument donc converge.
    Ainsi D2={zC| |z|<1} .
Comme la somme d'une série (numérique) convergente et d'une série divergente est une série divergente, la série entière somme converge sur D1 .

I.2 Convergence d'une série entière

I.2.1 Définition

Soit RR+ . On appelle disque ouvert de centre O et de rayon R l'ensemble DR={zC| |z|<R} .
I.2.2 Remarque
D0= .
I.2.3 Théorème (Lemme d'Abel)

Soit (an)CN . Supposons qu'il existe r>0 tel que (|an|rn) est une suite bornée. Alors pour tout zDr (ie |z| < r) |anzn|=O+((|z|r)n) et donc nNanzn converge.
Preuve
Soit zC tel que |z|<r . Alors |anzn|=|anrn|(|z|r)n=O+(1)(|z|r)n=O+((|z|r)n)
Comme 0|z|r<1 , la série nN(|z|r)n converge et donc nNanzn converge absolument par comparaison de séries à termes positifs.
I.2.4 Exemple
On considère la série entière sin(n)zn . r=1 convient donc D1 est inclus dans le domaine de convergence.
I.2.5 Définition-proposition

Soit nNanzn une série entière.
  1. L'ensemble I={rR+| (|an|rn)nN est bornée} est un intervalle de R de la forme [0, (la deuxième borne est ouverte ou fermée, finie ou non)
  2. R=sup(I)R+{+} est appelé rayon de convergence de la série entière nNanzn
Preuve
Il faut montrer que I est un intervalle de la forme [0,a) (borne ouverte ou fermée, aR+¯ ). Il suffit de montrer que si rI alors [0,r]I ie que tous les nombres inférieurs à r sont encore dans I .
Soit rI et ρ[0,r] . Alors, pour nN , 0|an|ρn=|an|rnρnrn1|an|rn et donc (|an|ρn) est bornée, c'est à dire que ρI .
I.2.6 Rayon de référence
Le rayon de convergence de la série géométrique nNzn vaut 1.
La série entière nulle possède un rayon de convergence infini.
I.2.7 Exemple
Calculons le rayon de convergence de nN1n+1zn .
  • Si |z|>1 alors (znn+1)nN n'est pas bornée (son module tend vers+ ).
  • Si |z|<1 , (znn+1)nN converge vers 0 donc est bornée.
Finalement, I=[0,1[ et donc R=1 .
I.2.8 Rayon nul
On peut très bien avoir I=[0,0]={0} (et donc R=0 ) c'est a dire que pour tout r>0 , (anrn) n'est pas bornée. Par exemple an=n! convient.
I.2.9 Théorème
Soit nNanzn une série entière de rayon de convergence R>0 .
  1. Si |z|<R alors la série numérique nNanzn converge absolument donc converge.
  2. Si |z|>R alors la série numérique nNanzn diverge grossièrement.
  3. Si |z|=R on ne peut pas conclure a priori sur la nature de nNanzn .
Preuve
  1. Il s'agit juste un redite du lemme d'Abel (si |z|<R alors |z|<r pour un rI ).
  2. Il suffit de remarquer qu'une suite non bornée ne peut tendre vers 0 (car toute suite convergente est bornée).
  3. Reprenons la série nN1n+1zn .
    Pour z=1 , il s'agit de la série harmonique, notoirement divergente.
    Pour z=1 , on trouve une série convergente.
I.2.10 Domaines de convergence
  1. Une série entière réelle (on calcule n=0+anxn pour x réel) est convergente au moins sur l'intervalle ]R,R[R est le rayon de convergence. La convergence en ±R est éventuellement à étudier au cas par cas.
  2. Pour une série complexe, la série converge sur DR . Sur l'ensemble CR={zC| |z|=R} , on ne peut rien dire a priori.
I.2.11 Contraposées
Si on trouve un zC tel que la série numérique nNanzn converge alors R|z| .
Si on trouve un zC tel que la série numérique nNanzn diverge alors R|z| .

I.3 Calcul du rayon de convergence

I.3.1 Rayon 1
Soit nNanzn une série entière de rayon de convergence R .
  1. Si (an) n'est pas bornée (par exemple an++ ) alors R1 .
  2. Si (an) est bornée (par exemple (an) converge), alors R1 .
I.3.2 Proposition

Soient nNanzn une série de convergence de rayon de convergence Ra et nNbnzn une série entière de rayon de convergence Rb
  1. Si an=O+(|bn|) alors RaRb (un cas particulier : an=o+(|bn|) ).
  2. Si |an|+|bn| alors Ra=Rb .
Preuve
  1. Soit r<Rb . On doit montrer que (|an|rn) est bornée (et donc que rRa ).
    Or par hypothèse, on peut poser MR+ tel que |an|M|bn| pour tout nR .
    Ainsi |an|rnM|bn|rn et (|bn|rn) est bornée donc (|an|rn) est bornée aussi.
    AinsirRa et tout nombre plus petit que Rb est plus petit que Ra . On ne peut pas avoir Ra<Rb , c'est à dire qu'on a prouvé RaRb .
  2. C'est une conséquence directe car dans ce cas an=O+(|bn|) et bn=O+(|an|) .
I.3.3 Exemple
Le rayon de convergence de sin(1n)zn est 1 car sin(1n)+1n .
I.3.4 Conséquence
Comme pour les séries numériques, on peut commencer par calculer un équivalent simple de an et raisonner sur cet équivalent.
I.3.5 Exemple
Trouver le rayon de convergence de 2n(e(1+1n)n)zn .
On a (1+1n)n=exp(nln(1+1n))=exp(112n+o+(1n))=e1(112n+o+(1n)) . Ainsi 2n(e(1+1n)n)+1 et le rayon cherché vaut 1.
I.3.6 Théorème
Soient nNanzn une série entière de rayon de convergence Ra et nNbnzn une série entière de rayon de convergence Rb .
  1. Pour λC , la série entière nNλanzn est de rayon de convergence Ra . Le cas λ=0 donne un rayon infini.
  2. Le rayon de convergence R de la série somme vérifie R=min(Ra,Rb) si RaRb et RRa dans le cas Ra=Rb .
  3. Le rayon de convergence R de la série produit vérifie Rmin(Ra,Rb) .
Preuve
Il s'agit d'une traduction directe des propriétés de convergences vu dans le chapitre sur les séries. Le méthode est la suivante : on prend r<R (le rayon de convergence que l'on veut calculer) et on prouve la convergence par application du chapitre sur les séries numériques. La remarque I.2.11 conclut.
I.3.7 Inégalités strictes
On peut tout à fait avoir des inégalités strictes dans le théorème précédent. Il suffit de considérer des séries opposées pour la somme et le produit par la série nulle.
I.3.8 Proposition
Soit (an)CN . Les séries entières anzn et nanzn ont le même rayon de convergence.
Preuve
Notons R1 et R2 ces deux rayons (respectifs). Commean=o+(n|an|) , R1R2 . On traite maintenant le cas R1>0 .
Soit r<R1 . Montrons que (n|an|rn) est bornée. Soit r]r,R1[ . Alors, pour nN , n|an|rn=|an|(r)nbornée×n(rr)n .
Or, par croissances comparées, n(rr)n+0 et est donc bornée. Par produit, (n|an|rn) est bornée. Ainsi rR2 et finalement R2R1 .
I.3.9 Exemple
Les séries suivantes sont de rayon de convergence 1 : n2zn,1n2zn,P(n)znPC[X]{0} .

I.4 d'Alembert

Commençons par un rappel :
I.4.1 Théorème (Règle de d'Alembert)

Soit (un)RN telle que nN un>0 . Supposons que un+1un .
  1. Si <1 alors un converge (on a même q],1[ un=o+(qn) ).
  2. Si >1 alors un diverge grossièrement (car un++ ).
  3. Si l=1 la série un peut être divergente ou convergente.
I.4.2 Application au calcul de rayon de convergences
  1. Calculer le rayon de convergence de znn! .
    Pour z0 on pose un=|z|nn!>0 . Alors un+1un+0 et donc znn! converge (absolument).
    Ainsi R|z| pour tout zC et R=+ .
  2. On pose an=(2nn) pour tout nN . Calculer le rayon de convergence R de nNanzn .
    Pour z0 on pose un=(2nn)|zn|>0 . Alors un+1un=(2n+2)!((n+1)!)2(n!)2(2n)!|z|=(2n+2)(2n+1)(n+1)2|z|+4|z| .
    Ainsi si |z|>14 , nNanzn diverge donc R14 . En effet, pour z tel que |z|>14 , la série en peut pas converger, et donc on ne peut pas avoir |z|<R d'après le théorème I.2.9 .
    De plus, si |z|<14 , nNanzn converge donc R14 . Finalement R=14 .

II Propriétés de la somme, cas réel

Dans cette partie, on note anxn les séries entières et on considère que x est réel (peu importe pour les an ). Ainsi, si nNanxn est de rayon R>0 on considère la fonction (qui est la somme de la série) f:{]R,R[Kxn=0+anxn .

II.1 Intégration

II.1.1 Théorème


Soit f:xn=0+anxn la somme d'une série entière de rayon de convergence R>0 . Alors f est continue sur ]R,R[ .
Preuve
Cette preuve est hors programme...
Soit a]R,R[ . Montrons que f(x)xaf(a) . Il s'agit d'un résultat d'inversion de limites.
Soit NN . On note SN:xn=0Nanxn . Alors, pour x]R,R[ , SN(x)SN(a)=n=1Nan(xnan)=(xa)n=1Nank=0n1xkan1k . Ainsi |SN(x)SN(a)||xa|n=1N|an|k=0n1|x|k|ak| On se restreint maintenant à des valeurs de x dans [aα,a+α] pour un α bien choisi (de telle manière que cette intervalle soit inclus dans ]R,R[ ).
Soit b]R,R[ tel que |b|>max(|aα|,|a+α|) .
Alors |SN(x)SN(a)||xa|n=1Nnan|b|n . D'après I.3.8 , la somme partielle du majorant converge vers KR+ qui ne dépend pas de x (seulement de α , qui lui ne dépend que de a ). Par passage à la limite en faisant N+ , |f(x)f(a)||xa|K et donc par encadrement (cette fois xa ), f(x)xaf(a) .
II.1.2 Exercice
Soit f une fonction définie par une série entière nNanxn de rayon de convergence R=+ avec a0<0 et nN{0}an>0 . Montrer que f s'annule au moins une fois.
II.1.3 Exemple

Posons f:{RRx{ex1x si x01 si x=0 . Alors fC(R,R) . De plus, pour x0 , f(x)=n=1+1n!xn1 et aussi pour x=0 . Donc f est bien la somme de cette série entière sur R en entier et donc f est continue sur R en entier.
II.1.4 Théorème (Intégration terme à terme)

Soit f:xn=0+anxn la somme d'une série entière de rayon de convergence R>0 . x]R,R[ 0xf(t)dt=n=0+ann+1xn+1=n=1+an1nxn Remarquons que les séries entières qui interviennent ici sont de rayon de convergence R exactement d'après I.3.8
Preuve
Encore une fois hors programme.
Soit x]R,R[ et t entre 0 et x . Soit également NN0xn=0Nantndt=n=0Nann+1xn . Il s'agit encore une fois de pouvoir faire tendre N vers + .
Or |0xf(t)dt0xn=0Nantndt|=|0x(f(t)n=0Nantn)dt|=|0x(n=N+1+antn)dt| .
On voit apparaître des restes de séries numériques absolument convergentes, appliquons l'inégalité triangulaire (sur l'intégrale et la série, on conserve la valeur absolue extérieure au cas où x0 ). |0xf(t)dt0xn=0Nantndt||0x(n=N+1+|an||t|n)dt| Or, pour t entre 0 et x , |an||t|n|an||x|n . De plus, anxn converge absolument donc on peut trouver N0 tel que NN0 n=N+1+|an||x|nϵ pour un ϵ>0 fixé.
Alors, pour ces N , |0xf(t)dt0xn=0Nantndt||0xϵdt|=ϵ|x| qui peut être rendu arbitrairement proche de 0.
Ainsi, limN+n=0Nann+1xn=0xf(t)dt .
II.1.5 Exemple
Posons f:xn=0+xn=11x , qui est la somme d'une série entière de rayon 1.
Ainsi, pour x]1,1[ on a 0xf(t)dt=[ln(1t)]0x=n=0+xn+1n+1 .
Après un changement d'indice, on obtient la formule (à connaître et à savoir retrouver) x]1,1[ ln(1x)=n=1+xnn De plus, x]1,1[ ssi x]1,1[ ( on veut changer x en x dans la formule précédente, on calcule le nouveau domaine de validité ) et donc x]1,1[ ln(1+x)=n=1+(1)n+1nxn
II.1.6 Exercice
Exprimer arctan(x) comme somme d'une série pour x]1,1[ .
II.1.7 Exercice
Pour quels x peut-on écrire ln(1+2x) sous forme d'une série entière ?
Réponse : x]12,12[
II.1.8 Corollaire
Sous les mêmes hypothèses que le théorème, on peut calculer, pour a,b]R,R[ l'intégrale abf(t)dt en intégrant la somme terme à terme.
L'hypothèse importante est que a,b doivent être à l'intérieur de ]R,R[ et pas une borne de cet intervalle.

II.2 Dérivation

II.2.1 Théorème (Dérivation terme à terme)

Soit f la somme de la série entière nNanxn de rayon de convergence R>0 .
f est dérivable sur ]R,R[ et pour x]R,R[ on a f(x)=n=1+nanxn1=n=0+(n+1)an+1xn. Remarquons que la série entière qui définit f est également de rayon de convergence R .
Preuve
Hors programme.
Posons, au hasard, g:xn=0+(n+1)an+1xn qui est bien définie sur ]R,R[ , continue et que l'on peut intégrer terme à terme d'après le théorème II.1.4 . Alors pour x]R,R[ , 0xg(t)dt=f(x)a0 et donc f est une primitive de g .
Ainsi f est dérivable et f=g .
II.2.2 Exemple
Calculons S=n=1+n2n1 après avoir prouvé sa convergence.
Premièrement la série entière n0xn est de rayon de convergence 1. Notons f:x11x sa somme. Sa dérivée est f:xn=1+nxn1 .
Comme 12]1,1[ , S est bien la somme d'une série convergente et S=f(12)=1(112)2=4 .
II.2.3 Théorème

Soit f la somme de la série entière nNanxn de rayon de convergence R>0 . Alors f est de classe C sur ]R,R[ et les dérivées de f sont obtenues par dérivation terme à terme de la série entière, ou encore kNx]R,R[ f(k)(x)=n=k+n!(nk)!anxnk=n=0+(n+k)!n!an+kxn
Preuve
Simple récurrence. Hors programme aussi.
II.2.4 Exemple

Posons f:{RRx{arctan(x)x si x01 si x=0 .
Alors f est de classe C sur R par quotient dont le dénominateur ne s'annule pas.
De plus, pour x]1,1[{0} on a f(x)=n=0+(1)n2n+1x2n+1 . Cette relation est encore vraie en 0. Ainsi fC(]1,1[,R) et finalement f est C sur R .
II.2.5 Corollaire
Soit nNanxn une série entière de rayon de convergence R>0 et f sa somme. Alors an=f(n)(0)n! pour tout nN .
II.2.6 Taylor
Nous ne sommes pas si étonnés de ce résultat. On retrouve les coefficients du développement de Taylor de f (qui est C ) en 0.
II.2.7 Corollaire (``Identification'' (unicité) des coefficients)
Les coefficients d'une série entière de rayon non nul sont uniques.
Plus précisément, si nNanxn et nNbnxn sont de rayons non nuls et vérifient pour un α>0 que x]α,α[ n=0+anxn=n=0+bnxn alors nN an=bn .
II.2.8 Application importante
Si une série entière anxn est de rayon R>0 et vérifie n=0+anxn=0 pour x]R,R[ alors tous ses coefficients sont nuls.
II.2.9 Exemple
Cherchons une fonction f somme d'une série entière qui vérifie f=f . Notons nNanxn la série cherchée de rayon R>0 (inconnu pour l'instant).
Alors n=0+anxn=n=0+(n+1)an+1xn pour tout x]R,R[ . Alors on a pour tout nN an+1=1n+1an . Par récurrence immédiate n1 an=1n!a0 et f=a0exp qui est bien de rayon R=+>0 . On a vérifié a posteriori que l'hypothèse faite sur le rayon est cohérente avec le résultat obtenu.

III Développement en série entière

III.1 Taylor

III.1.1 Théorème fondamental du calcul différentiel
Si f est continue sur l'intervalle I non vide et non réduit à un point et aI alors F:xaxf(t)dt est la primitive de f sur I qui s'annule en a .
Il faut bien remarquer que a est une constante et que la variable de F se trouve être la borne supérieure d'une intégrale.
En particulier, si f est de classe C1 sur I et xI , on a f(x)=f(a)+axf(t)dt .
III.1.2 Théorème (Formule de Taylor avec reste intégral)
Soit fCn+1(I,R) , (où I est un intervalle non vide et non réduit à un point) a,xI . Alors f(x)=i=0nf(k)(a)k!(xa)k+ax(xt)nn!f(n+1)(t)dt.
Preuve
La preuve se fait par récurrence, le théorème fondamental du calcul différentiel étant le cas n=0 .
Pour l'hérédité, on effectue une intégration par parties : f(n+1)(t)f(n+2)(t) et (xt)nn!(xt)n+1(n+1)! (la variable étant t , x est fixé).
III.1.3 Théorème (Inégalité des accroissements finis)
Soient a,xR , a<x et fC([a,x],R) . On suppose en plus que f est dérivable sur ]a,x[ .
  1. Si on peut trouver m,MR tels que t]a,x[ mf(t)M alors m(xa)f(x)f(a)M(xa).
  2. Si on peut trouver KR+ tel que t]a,x[ |f(t)|K alors |f(x)f(a)|K|xa| qui reste vrai même quand x<a (à condition de réécrire l'intervalle sous la forme ]x,a[ ).
Preuve
Il s'agit d'une application directe du théorème des accroissements finis, lui même conséquence de théorème de Rolle, pour mémoire.
III.1.4 Théorème (Inégalité de Taylor-Lagrange)

Soit fCn+1(I,R) (où I est un intervalle non vide et non réduit à un point) et a,xI .
On pose Mn+1 la valeur maximale de |f(n+1)(t)| pour t entre a et x|f(x)k=0nf(k)(a)k!(xa)k|Mn+1|xa|n+1(n+1)!.
Preuve
Mn+1 existe car |f(n+1)| est continue sur un intervalle fermé et borné.
Il s'agit ensuite seulement de majorer le reste intégral en utilisant l'inégalité triangulaire sur les intégrale puis la majoration |f(n+1)|Mn+1 .

III.2 Fonctions développables

III.2.1 Définition

Soit f une fonction de classe C sur I tel que 0I et 0 n'est pas une borne de I . Le développement de Taylor de f est la série entière nNf(n)(0)n!xn .
III.2.2 Exemple
On a déjà vu que exp est la somme de son développement de Taylor sur R : xR exp(x)=n=0+xnn!.
On a même prouvé que znn! converge pour tout zC ( ce qui est cohérent avec ce chapitre, car le rayon de convergence de cette série entière, est + .)
On pose alors, pour zC , ez=n=0+znn! et le théorème sur le produit de Cauchy montre qu'on a bien ea+b=eaeb pour tous complexes a,b .
III.2.3 Définition

Soit f:IKI est intervalle qui contient 0 (et 0 n'est pas une borne de I ). On dit que f est développable en série entière (au voisinage de 0) ssi il existe r>0 et une série entière nNanxn tels que :
  • ]r,r[I
  • nNanxn est de rayon Rr
  • x]r,r[ f(x)=n=0+anxn .
Autrement dit, f est la somme d'une série entière sur un intervalle ]r,r[ contenu dans I .
La série entière nNanxn est appelée développement en série entière de f .
III.2.4 Résumé
Soit f une fonction développable en série entière sur ]r,r[ avec r>0 .
  1. f est C sur ]r,r[ .
  2. Le développement en série entière est unique sur ]r,r[ et il s'agit du développement de Taylor de f .
  3. Toute primitive de f est développable en série entière sur ]r,r[ .
  4. Les dérivée successives de f sont développable en série entière sur ]r,r[ .
III.2.5 Remarque
Il existe des fonctions C sans être développable en série entière. Par exemple f:xexp(1x2) prolongée en 0 par f(0)=0 est de classe C sur R (par récurrence, et application précise du théorème de prolongement C1 ). Par contre sa série deTaylor est nulle et donc f ne coïncide avec cette série sur aucun intervalle infini centré en 0.
III.2.6 Parité
Si f est DSE et paire, alors les a2n+1 sont nuls. Si f est impaire, les a2n sont nuls.
Pour obtenir ce résultat, on utilise l'unicité des coefficients sur l'égalité f(x)=f(x) ou f(x)=f(x) .

III.3 Développements en pratique

Dans les preuves des résultats qui suivent se trouvent les méthodes principales pour prouver qu'une fonctions est développable et calculer son développement.
III.3.1 Exemple
Donner le DSE (si possible) de f:xln(1x)1x qui est définie sur ],1[ . Soit x]1,1[ (dans l'intervalle de convergence des deux séries entières que l'on voit apparaître ici).


n=1+1nxnn=0+xn=n=1+(k=1n1k)xn

A priori ce produit de Cauchy a un rayon de convergence R1 (cf théorème I.3.6 ) Or k11k=(Hn)n1 diverge donc la suite (Hn1n) n'est pas bornée. Ainsi R1 . Finalement R=1 et f est développable sur ]1,1[ .
Remarque : on ne pouvait pas espérer beaucoup plus pour un DSE, vu que f est définie sur ],1[ . Ceci n'empêchait pas a priori la série entière d'avoir un rayon plus grand que 1...
III.3.2 Proposition
sin et cos sont développable en série entière sur R et pour tout xRcos(x)=n=0+(1)n(2n)!x2n et sin(x)=n=0+(1)n(2n+1)!x2n+1
Preuve
Prouvons le pour cos .
Premièrement, le rayon de convergence de la série considéré est + . Soit xR et NN . Alors |cos(N+1)|1 sur tout intervalle et d'après l'inégalité de Taylor-Lagrange appliquée entre 0 et x : |cos(x)n=0N(1)n(2n)!x2n||x2N+1×1(2N+1)! Par croissances comparées |x2N+1|(2N+1)!N+0 et cos coïncide bien avec son développement de Taylor sur R .
III.3.3 Formules d'Euler
Montrons que pour xR on a cos(x)=eix+eix2 et sin(x)=eixeix2i Pour xR on a


eix+eix2=12(n=0+inxnn!+n=0+(1)ninxnn!)=12n=0+inxnn!(1+(1)n)=12k=0+i2kx2k(2k)!×2

où on a remarqué que 1+(1)n vaut 0 lorsque n est impair et 2 lorsque n est pair.
De plus, pour kN , i2k=(i2)k=(1)k . Finalement eix+eix2=k=0+(1)k(2k)!x2k=cos(x) d'après la proposition précédente.
III.3.4 Proposition
sh et ch sont développable en série entière sur R et pour tout xRch(x)=n=0+1(2n)!x2n et sh(x)=n=0+1(2n+1)!x2n+1
Preuve
Similaire. A faire en exo. On peut également utiliser les opérations sur les DSE en remarquant que ch(x)=ex+ex2 .
III.3.5 Proposition

Soit αR . fα:x(1+x)α est développable en série entière sur ]1,1[ et (1+x)α=1+n=1+α(α1)(αn+1)n!xnLe coefficient de xn est un quotient d'un produit de n termes par n! .
Si αN , le rayon de convergence est + et le développement est en fait une somme finie.
Preuve
Considérons le problème de Cauchy {y(0)=1(1+x)y(x)αy(x)=0 . Clairement fα est solution sur ]1,+[ . On considère que αN .
  • Analyse
    Cherchons maintenant une solution g somme d'une série entière de rayon R>0 , g=nNanxn .
  • Alors


    (1+x)g(x)αg(x)=0(1+x)n=1+nanxn1αn=0+anxn=0n=1+nanxn1+n=1+nanxnαn=0+anxn=0n=0+(n+1)an+1xn+n=1+(nα)anxn=0n=0+((n+1)an+1+(nα)an)xn=0


    Par unicité des coefficients d'une série entière (valable car R>0 ), on obtient la relation : nN an+1=αn(n+1)an . De plus, on doit avoir g(0)=1 c'est à dire a0=1 . Par récurrence immédiate, an=k=0n1(αk)n! .
  • Synthèse
    Considérons la série entière nNanxnan=k=0n1(αk)n!0 et a0=1 .
    Calculons le rayon de convergence R de cette série. Pour x0 on a
    |an+1xn+1||anxn|=|αn|n+1|x|n+1×|x|
    Aucun besoin de simplifier le quotient, c'est la relation de récurrence qui donne le résultat.
    Ainsi si |x|>1 la série entière diverge et donc R1 .
    De plus, si |x|<1 la série converge et donc R1 .
    Finalement, R=1>0 et le calcul fait dans l'analyse montre que la fonction somme est solution du problème de Cauchy considéré sur ]1,1[ .

Par unicité de la solution à un problème de Cauchy (sur un intervalle), fα est développable en série entière sur ]1,1[ .
III.3.6 Exemple
Soit pN{0} . Donnons le DSE de x1(1x)p qui est de rayon 1 d'après le théorème précédent.
Nous devons calculer, pour nN{0} , k=0n1(pn)=(1)nk=0n1(p+n)=(1)n(n+p1)(p1)! . Ainsi, pour x]1,1[1(1x)p=n=0+(1)n(n+p1)!(p1)!1n!(1)nxn=n=0+(n+p1p1)xn
III.3.7 Exemple
Montrons que arcsin est DSE et donnons son développement.
x11x2 est DSE sur l'ensemble {xR| x2]1,1[}=]1,1[ . et on a pour x]1,1[ : 11x2=n=0+k=0n1(12k)1n!(1)nx2n (rappel : un produit vide vaut 1 par convention).
Or pour nN{0} , k=0n1(12k)=k=0n12k12=(1)n2nk=0n1(2k+1)=(1)n2n(2n)!2nn! par l'opération classique consistant à multiplier et diviser par le produit des nombres pairs entre 2 et 2n .
Finalement, 11x2=n=0+(2n)!4n(n!)2x2n=n=0+(2nn)4nx2n . Par intégration terme à terme : arcsin(x)=0arcsin(0)+n=0+(2nn)(2n+1)4nx2n+1 et le rayon de convergence est 1.
III.3.8 Formulaire
A savoir
11x=n=0+xnx]1,1[
ln(1+x)=n=1+(1)n1nxnx]1,1[
(1+x)α=n=0+α(α1)(αn+1)n!xnx]1,1[
(1+x)α=1+n=1+k=0n1(αk)n!xnx]1,1[
ex=n=0+xnn!xR
cos(x)=n=0+(1)nx2n(2n)!xR
sin(x)=n=0+(1)nx2n+1(2n+1)!xR
ch(x)=n=0+x2n(2n)!xR
sh(x)=n=0+x2n+1(2n+1)!xR
A savoir refaire
ln(1x)=n=1+xnnx]1,1[
ln(1+x)=n=1+(1)n1nxnx]1,1[
arcsin(x)=n=0+(2nn)(2n+1)4nx2n+1x]1,1[
arctan(x)=n=0+(1)n2n+1x2n+1x]1,1[