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Chapitre 9 : Intégration sur un intervalle quelconque


Dans ce chapitre K désigne R ou C .

I Intégrales convergentes


Le cadre d'étude change : on considère toujours des fonctions continues, plus seulement sur des segments mais des intervalles quelconques.

I.1 Intégrales impropres

I.1.1 Définition

Soient a<b+ et fC([a,b[,R) une fonction continue .
Si limxbaxf(t)dt existe et est finie on la note abf(t)dt et on dit que cette intégrale est une intégrale (impropre) convergente . Dans le cas contraire, l'intégrale est dite divergente.
I.1.2 Remarque
On ne se préoccupe pas de la valeur de a (la borne inférieure) du moment que l'intervalle de continuité est fermé en cette borne.
Par exemple pour f continue sur R , 0+f est convergente ssi 4+f est convergente.
I.1.3 Exemple
Convergence + calcul de la valeur de l'intégrale 0+etdtdt .
I.1.4 Définition

Soient a<b et fC(]a,b],R) . La borne ouverte est a .
Si limxaxbf(t)dt existe et est finie on la note abf(t)dt et on dit que cette intégrale est une intégrale (imprope) convergente .
I.1.5 Exemple (A savoir refaire)

Montrons que 01ln(t)dt converge et donnons sa valeur.
  • lnC(]0,1],R) (ie. on fait une étude de convergence en 0).
  • Soit x>0 . x1ln(t)dt=1xln(x)+xx01
  • Conclusion : 01ln(t)dt est une intégrale convergente et sa valeur est -1.
I.1.6 Définition-proposition

Soient a,bR¯ avec a<b (on peut avoir a= et / ou b=+ ). Soit fC(]a,b[,R) .
S'il existe un c]a,b[ tel que acf et cbf sont des intégrales convergentes alors on dit que abf converge.
Dans ce cas on a c]a,b[ acf+cbf=acf+cbf et on note cette valeur abf .
Preuve
On a, par limite d'une somme (une intégrale convergente et une constante), acf=acf+ccf . De même cbf=ccf+cbf . Finalement, l'égalité demandée est vérifiée.
I.1.7 Interprétation graphique
On peut continuer à voir une intégrale impropre comme une aire, mais cette fois comme l'aire limite d'un partie non nécessairement bornée.
I.1.8 Exemple
Montrer la convergence et calculer la valeur de +11+t2dt .
I.1.9 Coin-culture
L'intégrale suivante est d'importance fondamentale en probabilité : +exp(t2)dt=π .
I.1.10 Définition (Notation)
Soit I un intervalle dont les bornes sont a<b . Ces bornes peuvent être ouvertes ou fermées. On note If l'intégrale (classique ou impropre) abf .
Cette notation permet de ne pas préciser à priori la nature fermée ou ouverte des bornes.

I.2 Prolongement par continuité

I.2.1 Proposition
On se place dans le cas fC([a,b[,R) et bR (ce n'est pas + ). Si on peut prolonger f par continuité en b (on note f~ le prolongement), alors l'intégrale abf converge et sa valeur est abf~(t)dt (qui est une intégrale sur un segment).
Le résultat s'applique encore lorsque c'est la borne inférieure qui est ouverte, voire lorsque les deux bornes sont ouvertes, si on peut prolonger à chaque borne.
Preuve
Soit F1:xaxf(t)dt la primitive de f sur [a,b[ qui s'annule en a et F2:xaxf~(t)dt la primitive de f~ sur [a,b] qui s'annule en a , alors x[a,b[ F1(x)=F2(x) et F2 est continue sur [a,b] . F2 est donc le prolongement par continuité de F1 et on a bien F1(x)xbF2(b)=abf~ .
I.2.2 Exemple
Montrer que 01t1ln(t)dt converge. Posons f:tt1ln(t) qui est continue sur ]0,1[ (et donc on a deux études de convergence à faire.)
  • Etude en 0. On a t101 et ln(t)0 donc f(t)00 et on peut prolonger f par continuité en 0.
  • Etude en 1. On a ln(t)1t1 car ln(1+u)0u . Ainsi f(t)11 et on peut prolonger f par continuité en 1.
Finalement, 01f converge.

I.3 Intégrales de référence


Dans cette partie, nous allons lister des intégrales notoirement convergentes. Les résultat ainsi que les preuves sont à connaître.
I.3.1 Proposition


01ln(t)dt converge.
Preuve
Voir plus haut
I.3.2 Proposition


Soit αR . 0+eαtdt converge ssi α>0 .
Dans le cas de convergence, 0+eαtdt=1α .
Preuve
Le cas α=0 est trivial.
Dans le cas α0 , on a, pour x>0 , 0xeαtdt=1αeαxα Or eαxx+0 lorsque α>0 et eαxx++ lorsque α<0 .
On obtient bien une limite finie ssi α>0 (et on obtient + lorsque α0 )
I.3.3 Théorème (Intégrales de Riemann)

Soit αR .
  1. 1+1tαdt converge ssi α>1 .
  2. 011tαdt converge ssi α<1 .
  3. 011tdt et 1+1tdt sont deux intégrales divergentes
Preuve
  1. Soit x>1 . 1x1tαdt=[tα+1(1α)]1x si α1 et [ln(t)]1x si α=1 .
  2. Dans le cas α=1 on a donc une intégrale divergente.
    Pour α1 , xα+1x+{0 si α>1+ si α<1 . On retrouve bien le résultat annoncé.
  3. Soit x]0,1[ . Le même calcul de primitive vaut encore. Comme ln(x)0 , 011tdt diverge.
  4. Cette fois, xα+1x0{0 si α<1+ si α>1 et on retrouve le résultat de convergence.
  5. Conséquence directe des deux points précédents.

I.4 Adaptation des outils

I.4.1 Théorème

Soient fC(]a,b[,R) et ϕ:]α,β[]a,b[ une bijection de classe C1 strictement croissante.
abf(t)dt et αβf(ϕ(u))ϕ(u)du sont de même nature et égales quand elles convergent.
Preuve
Soient c,d]α,β[ . On a ϕ(c)ϕ(d)f(t)dt=cdf(ϕ(u))ϕ(u)du avec cαϕ(c)a .
Ainsi les intégrales convergent simultanément en a et α .
I.4.2 Cas d'un changement décroissant
Si ϕ est supposée décroissante, on a alors abf(t)dt=βαf(ϕ(u))ϕ(u)du
I.4.3 Exemple
Étudier la convergence de 0111tdt . La fonction t11t est continue sur [0,1[ .
Par changement de variable bijectif u=1t ie t=1u (bijectif et C1 ) on trouve une intégrale de Riemann divergente.
I.4.4 Exemple
Convergence et valeur de I=011t(1t)dt . t1t(1t) est continue sur ]0,1[ par composition et inverse.
Posons u=t pour t]0,1[ (qui est bien C1 ) et donc on a t=u2 et dt=2udu . Alors I=012uu1u2du=2[arcsin(u)]01=π .
I.4.5 Théorème

Soient u,v:[a,b[R des fonctions de classe C1 .
Si limxbu(x)v(x) existe et est finie alors abuv et abuv sont de même nature et en cas de convergence abuv=[uv]ababuv où on a noté [uv]ab=limxbu(x)v(x)u(a)v(a) .
Preuve
Immédiat d'après le cours de sup, en passant par des intégrales sur [a,x] .
I.4.6 Remarque
On peut étendre ce théorème à ]a,b] et même à ]a,b[ (dans ce cas le crochet est la différence de deux limites).
I.4.7 En pratique
On reviendra toujours à une intégrale sur un segment [a,x] pour effectuer une intégration par parties puis on fait tendre x vers b . En effet, on ne connaît pas a priori la fonction u ni la limite de uv .
I.4.8 Exemple
Montrer la convergence et calculer I=0+tetdt . ttet est continue sur [0,+[ .
Posons A>0 . Alors 0Atetdt=[tet]0A+0AetA+1 qui est une limite finie. Ainsi I converge et vaut 1.
I.4.9 Théorème
Soit I un intervalle de R .
Soit f:IR+ une fonction continue, positive et telle que If(t)dt converge.
Si If=0 alors xI f(x)=0 .
Preuve
Remarquons que si xI alors il existe un segment [a,b]I tel que x[a,b] .
De plus, comme f est positive, 0[a,b]fIf=0
Or ce théorème est vrai quand I est un segment. Pour xI , il suffit d'appliquer le cours de 1ère année pour prouver que f est nulle sur un segment [a,b] qui contient x et donc f(x)=0 .

II Preuves de convergence

II.1 Fonctions intégrables

II.1.1 Définition

Soit I un intervalle et f:IK une fonction continue. On dit que f est intégrable sur I ssi I|f| converge.
L'ensemble des fonctions continues et intégrables définies sur l'intervalle I et à valeurs dans K est noté L1(I,K) .
II.1.2 Exemple
Etudier l'intégrabilité sur ]0,+[ de tln(t)et .
II.1.3 Remarque
Pour les fonction positives ou négatives, l'intégrabilité et le fait que l'intégrale converge est équivalent.
II.1.4 Proposition (Linéarité des intégrales convergentes)

Soient f,g:[a,b[K continues. Si abf et abg convergent toutes les deux alors pour tout (α,β)K2 , ab(αf+βg) converge également et on a ab(αf(t)+βg(t))dt=αabf(t)dt+βabg(t)dt
Preuve
Simple retour à la définition. On remplace b par x[a,b[ pour intégrer sur un segment. La linéarité de l'intégrale s'applique alors et le théorème est une conséquence de du théorème de combinaison linéaire de limites finies.
II.1.5 Théorème

Soit fC(I,K) . SI f est intégrable sur I ALORS If converge.
Preuve
  • Cas K=R . On traite le cas I=[a,b[ , la preuve s'adapte facilement dans le cas I=]a,b]
    Notons f+:xmax(f(x),0) et f:xmin(f(x),0) les fonctions qui valent respectivement f(x) ou 0 suivant que f(x) est positif ou négatif. D'après le cours de 1ère année ces fonctions sont continues (en utilisant max(a,b)=|ab|+a+b2 )
  • Alors f=f++f et |f|=f+f . Si on suppose que f est intégrable sur I , c'est à dire que I(f+f) converge.
    Montrons que If converge. Comme f0 , F:xaxf(t)dt est une fonction croissante (sa dérivée est positive) .
    De plus, f|f| (car f+0 ) et donc pour x[a,b[ , F(x)ax|f(t)|dtab|f(t)|dt (car |f|0 ). Ainsi F est croissante et majorée donc possède une limite finie en b . Ainsi If converge. Comme f=|f|+2f , If converge par combinaison linéaire.
  • Cas K=C . Notons f=u+iv la forme algébrique de f .
    Alors |u||f| et |v||f| . Par comparaison de fonctions à valeurs positives (voir théorème suivant), u,v sont d'intégrales convergentes sur I et donc f=u+iv aussi.
II.1.6 Exemple

Montrer que 1+eitt2dt converge. Le module de l'intégrande est une fonction de Riemann de référence.

II.2 Comparaison

II.2.1 Théorème (Comparaison)

Soient f,gC([a,b[,K) des fonctions continues.
  1. Si |f||g| au voisinage de b et g est intégrable sur [a,b[ alors f est intégrable sur [a,b[ .
  2. Si f=Ob(g) et g est intégrable sur [a,b[ alors f est intégrable sur [a,b[ .
  3. Si f=ob(g) et g est intégrable sur [a,b[ alors f est intégrable sur [a,b[ .
  4. Si fbg alors f est intégrable sur [a,b[ ssi g est intégrable sur [a,b[ .
Le résultat vaut encore pour des fonctions définies sur ]a,b] , à condition de prouver des relations de comparaison (ou une inégalité) en a .
Preuve
  1. Plaçons nous sur un intervalle [c,b[|f||g| . Les intégrales ab|f| et cb|f| ont la même nature.
  2. Pour x[c,b[ on a, par croissance de l'intégrale sur un segment (on intègre ``dans le bon sens''), cx|f|cx|g| . Or xcx|g| est croissante et possède une limite finie, donc est toujours inférieure à cette limite.
    Ainsi xcx|f| est croissante ( f0 ) et majorée donc possède une limite finie en b (la borne supérieure de son intervalle de définition). Ainsi cb|f| converge (et est cb|g| ) et donc ab|f| converge.
  3. Dans le cas où f=Ob(g) on a |f|M|g| au voisinage de b pour un MR+ fixé.
  4. Par produit d'une limite par une constante, abM|g(t)|dt converge et par la point précédent, ab|f| converge.
  5. On a dans ce cas f=Ob(g)
  6. On a dans ce cas f=Ob(g) et g=Ob(f) .
II.2.2 Négligeabilité
Si on a f=ob(g) et abg converge (avec g une fonction positive de référence) alors abf converge. Dans la pratique, on utilisera très souvent ce fait.
Exemple : 1tt=o+(1t2) donc 1+1ttdt converge par comparaison de fonctions positives.
II.2.3 Divergence
On peut tout à fait appliquer les contraposées des points 1 et 2 pour prouver la divergence d'une intégrale d'une fonction positive. Par exemple, si f=ob(g) et abf diverge (avec f positive, fonction de référence), alors g n'est pas intégrable sur I (raisonnement par l'absurde).
II.2.4 tαf(t)
  1. En 0 Pour la convergence en 0, si t12f(t)00 ou plus généralement t1ϵf(t)00 pour un ϵ>0 fixé alors l'intégrale de f converge en 0.
  2. En + si t2f(t)+0 ou plus généralement t1+ϵf(t)+0 alors l'intégrale de f converge en + .
  3. De manière plus générale, si on peut déterminer lim0 ou +tαf(t) en fonction de la valeur de α alors on pourra souvent conclure sur la convergence en 0 ou en + .
II.2.5 Application à la preuve de divergence
En a=0 comme en a=+ , si on a tf(t)ta+ on peut conclure à la divergence de l'intégrale de f , une fonction positive ou négative. Par exemple 2+1ln(t)dt diverge.
II.2.6 Exemple
Discuter suivant la valeur de βR la convergence de de 0+tβ1etdt .
On pose fβ:ttβ1et qui est continue sur ]0,+[ dans le cas général (pas en 0, à cause du cas β1<0 ). Alors fβ(t)=o+(1t2) car t2fβ(t)+0 . Ainsi l'intégrale converge en + par comparaison de fonctions positives.
En 0, on a fβ(t)tα1=1t1α . L'intégrale converge ssi α>0 d'après le théorème précédent et par comparaison de fonctions positives.
II.2.7 Exemple
Montrer (enfin !) que +et2dt converge.
Le calcul de la valeur est un exercice classique.
Preuve
Voici une preuve en plusieurs étapes.
  • Montrons que x>1 ln(1+x)x (avec égalité seulement en 0).
  • Remarquons d'abord que f:xln(1+x) est dérivable sur ]1,+[ , ce qui nous permettra d'utiliser l'inégalité des accroissements finis sur [0,x] ou [x,0] . De plus sa dérivée est f:x11+x qui est décroissante sur ]1,+[
    Si x>0 , on a f(x)f(x)f(0)x0f(0) ce qui donne ln(1+x)x1 qui est CQFD. Si x<0 , on a f(1)f(0)f(x)0xf(x) ou encore 1ln(1+x)x ou encore xln(1+x) car x>0 .
  • Soit nN{0} et t[0,n[ , on a alors ±t2n]1,+[ et donc ln(1+t2n)t2n et ln(1t2n)t2n .
  • Ainsi, nln(1t2n)t2nln(1+t2n) . En passant à l'exponentielle qui est croissante, (1t2n)net2(1+t2n)n
  • La relations qui précède est encore vraie pour t=n , et en intégrant on obtient : 0n(1t2n)ndtI10net2dt0n(1+t2n)ndtI2 En posant t=ncos(u) dans I1 (possible d'après les valeurs prises par t ), on a dt=nsin(u)du et donc I1=π20nsin2n+1(u)du .
  • En posant u=ntan(u) dans I2 on obtient I2=0π4ncos2n2(u)du car 1+tan2=1cos2=tan .
  • Si on note Wn=0π2sinn(t)dt=0π2cosn(t)dt (par changement de variable π2t ), on a I2nW2n2 (car on intègre une fonction positive sur un segment plus petit) et donc nW2n+10net2dtnW2n2 D'après l'étude des intégrales de Wallis, Wn+π2n et par encadrement 0net2dtn+π2 .
II.2.8 Proposition
L1(I,K) est un K -espace vectoriel : toute combinaison linéaire de fonctions intégrables est encore intégrable.
Preuve
  1. La fonction nulle est clairement intégrable sur I et son intégrale vaut 0.
  2. Soient f,gL1(I,K) et λ,μK .
    Montrons que λf+μg est encore intégrable.
    Comme |λf+μg||λ||f|+|μ||g| on peut utiliser la linéarité des intégrales convergentes pour conclure.

III Exemples importants

III.1 Application aux séries numériques

III.1.1 Théorème

Soit f:[n0,+[R (avec n0N ) une fonction continue, positive et décroissante.n0+f(t)dt et nn0f(n) ont la même nature 
Preuve

Pour un N>n0 on a, (voir le schéma. La preuve est la décroissance de f et la croissance de l'intégrale, puis on somme des inégalités et on applique la relation de Chasles), n0+1N+1f(t)dtn=n0Nf(n)n0Nf(t)dt.Remarquer les bornes des intégrales, en lien avec le domaine de définition de f Ainsi la suite des sommes partielle est majorée ssi xn0xf(t)dt est majorée (il suffit de majorer les valeurs aux entiers car cette fonction est croissante).
III.1.2 Exemple
On prouve de cette manière la convergence et la divergence des séries de Riemann.
III.1.3 Application aux séries divergentes
On souhaite donner un équivalent de ln(n!)=k=2nln(k) .
Or, pour k2 , k1kln(t)dtln(k)kk+1ln(t)dt car ln est croissante sur [k1,k] et sur [k,k+1] .
En sommant de 2 à n on obtient 1nln(t)dtln(n!)2n+1ln(t)dt ie nln(n)n+1n!(n+1)ln(n+1)(n+1)2ln(2)+2 .
On en tire classiquement ln(n!)=nln(n)n+o+(n) .
III.1.4 Restes d'une série convergente
On cherche un équivalent de Rn=k=n+1+1k2 . Avec Sn=k=1n1k2 on a (cf DM) Sn+Rn=π26 et donc |Snπ26|=|Rn|Rnn+0 . Rn représente en fait la qualité de l'approximation de π26 par la somme finie Sn .
Pour k>n (on fixe n1 pour l'instant), on a classiquement kk+11t2dt1k2k1k1t2dt et en sommant de n+1 à + , n+1+1t2dtRnn+1t2dt .
Or n+1t2dt=1n et donc Rn+1n (multiplier l'encadrement par n + théorème d'encadrement).

III.2 Intégrales classiques

III.2.1 Fonction Γ
Reprenons II.2.6 . On pose, pour β>0 , Γ(β)=0+tβ1etdt . Donnons un lien entre Γ(β+1) et Γ(β)
On a, pour a>0 et b>a , abtβetdt=[tβet]ab+abβtβ1etdt . Comme le crochet tend vers 0 en 0 et + ( β>0 ) et que les deux intégrales considérées sont convergentes d'après l'étude de II.2.6 , Γ(β+1)=βΓ(β).
De plus, Γ(1)=1 et par récurrence immédiate, nN{0} Γ(n)=(n1)! .
III.2.2 If converge mais I|f| diverge
Comme pour les série numérique, ce n'est pas parce que f n'est pas intégrable que l'on peut déduire la divergence de l'intégrale de f . Voir les exemples de séries convergentes mais pas absolument convergentes.
Nous allons démontrer le résultat 0+sinttdt converge, 0+|sintt|dtdiverge Posons f:tsintt qui est continue sur I=]0,+[ . On veut montrer que l'intégrale de f sur I converge mais que f n'est pas intégrable sur I .
  1. Montrons que 0+sinttdt converge.
    1. limt0+f(t)=1 par quotient d'équivalents et donc f est prolongeable par continuité en 0 et 01f(t)dt converge.
    2. Pour l'intervalle [1,+[ , nous allons effectuer une intégration par partie. Soit A>1 .
      Posons u:t1t et v:tsin(t) qui sont C1 sur [1,A] . Alors u:t1t2 et v:tcos(t) convient.
      Par intégration par parties
      1Asin(t)tdt=[cos(t)t]1A1Acos(t)t2dt=cos(1)1cos(A)A1Acos(t)t2dt
      Nous avons deux limites à étudier.
      • Premièrement 0|cos(A)A|1A et donc cos(A)AA+0 par encadrement.
      • Deuxièmement, g:tcos(t)t2 est intégrable sur [1,+[ car t1 |g(t)|1t2 et 1+1t2 converge et par comparaison à une fonction positive.
        Ainsi 1Acos(t)t2dt possède une limite finie lorsque A+ .

      Par somme, 1Asin(t)tdt possède une limite finie lorsque A+ ie 1+sin(t)tdt converge.

    Finalement, 0+sinttdt converge.
    Coin culture : cette intégrale s'appelle intégrale de Dirichlet et vaut π2 , fait qui peut faire l'objet d'un problème.
  2. Montrons que f n'est pas intégrable sur I . Supposons au contraire que 0+|sint|tdt converge et donc que π+|sint|tdt converge.
  3. Soit NN{0,1} . Notons uN=πNπ|sint|tdt (il s'agit d'une suite convergence d'après notre hypothèse). On a uN=k=1N1kπ(k+1)π|sin(t)|tdt Soit k1,N1 et t[kπ,(k+1)π] . Alors 1t1(k+1)π et par produit par |sint|0 , |sint|t|sint|(k+1)π .
    Ainsi, par croissance de l'intégrale kπ(k+1)π|sin(t)|tdt1k+1kπ(k+1)π|sin(t)|dt.
    De plus, si k est pair, kπ(k+1)π|sin(t)|dt=kπ(k+1)πsin(t)dt=2 et si k est impair, alors kπ(k+1)π|sin(t)|dt=kπ(k+1)πsin(t)dt=2 .
    Ainsi, par somme d'inégalités, uNk=1N12(k+1)π=2πk=2N1k . On reconnaît une somme partielle de la série harmonique (privée de son premier terme), qui est notoirement divergente, ie uNN++ . Contradiction.
III.2.3 0+f converge mais f0
Nous n'avons pas de critère aussi facile que la divergence grossière des séries pour les intégrales.
Montrons que 0+sin(et)dt converge. f:tsin(et) est continue sur [0,+[ . Posons u=et et donc t=ln(u) (ce qui prouve que le changement de variable est bijectif). Alors dt=1udu et notre intégrale à la même nature que 1+sin(u)1udu . D'après le point précédent, 0+sin(et)dt converge.
Cependant, f ne possède pas de limite en + (car xsinx n'a pas de limite en + .)