Chargement en cours
Si vous cliquez sur une référence, la définition ou le théorème apparaitra ici
Chapitre 11 : Fonctions de plusieurs variables


On fixe deux entiers naturels p,n1 qui valent 1,2 ou 3 en pratique.
Le cadre général est ici de considérer des fonctions f:ARnARp .
Dans le cas p=2 , on considère par exemple des fonctions de la forme f:{ARn(x,y)f(x,y)f(x,y) est une colonne de Rn .

I Continuité

I.1 Domaines de définition

I.1.1 Définition

Soit r[0,+[ et X0Rp
  1. La boule ouverte de rayon r et de centre X0 est B(X0,r)={XRp| X0X<r} .
  2. La boule fermée de rayon r et de centre X0 est B¯(X0,r)={XRp| X0Xr} .
I.1.2 Illustration
Lien avec la forme du domaine de convergence d'une série entière. On illustre ces définitions dans le cas p=2 . Pour p=3 , il faut considérer des sphères plutôt que des cercles.
Boule ouverte, boule fermée
I.1.3 Définition-proposition

Soit A une partie de Rp . Les propositions suivantes sont équivalentes.
  1. il existe X0Rp et r>0 tels que AB¯(X0,r) .
  2. pour tout X0Rp il existe r>0 tel que AB¯(X0,r) .
  3. il existe MR+ tel que XA XM .
Dans ce cas, on dit que A est une partie bornée de Rp .
Preuve
  • 12 .
    On note X0 et r0 les objets dont l'existence est assurée par 1 .
    Soit X1Rp . On doit trouver r1>0 tel que AB¯(X1r1) .
    Or, pour XA on a déjà X0Xr0 .
    Alors X1X=X1X0+(X0X)X1X0+X0X=X1X0+r0 .
    Comme X1X0 ne dépend pas de X , on peut poser la constante r1=X1X0+r0 qui convient.
  • 23 .
    Il suffit d'appliquer 2 à X0=0Rp et alors M=r convient.
  • 31 . De même, X0=0 et r=M+1 conviennent.
I.1.4 Exemple
Toute boule ouverte ou fermée est bornée.
A={(xy)R2| 1x2+y24} est bornée, B={(xy)R2| |x|1} n'est pas bornée.
I.1.5 Définition

Soit A une partie de Rp .
  1. On dit que A est une partie ouverte de Rp (on dit aussi que A est un ouvert) ssi
    X0Ar>0 B(X0,r)A
  2. On dit que A est une partie fermée de Rp ssi A¯ (son complémentaire) est une partie ouverte.
I.1.6 Exemple
  • Toute boule ouverte est un ouvert.
  • Toute boule fermée est un fermé.
  • Une couronne ouverte, Rp sont des ouverts.
  • Rp est fermé.
  • Le demi-plan y>0 est un ouvert.
I.1.7 Interprétation intuitive
Dans un ouvert A , on peut toujours se placer ``suffisamment proche'' d'un point et rester dans A . Très pratique pour parler d'une fonction définie sur A .
Une première approche est de voir que pour un ouvert la ``frontière'' est exclue alors qu'elle est inclue dans un fermé.
I.1.8 Définition

Soit A une partie de Rp et X0Rp .
  1. On dit que X0 est un point intérieur à A ssi r>0 B(X0,r)A . En particulier X0A .
  2. On dit que X0 est un point extérieur à A ssi r>0 B(X0,r)RpA . En particulier X0A et X0 est un point du complémentaire de A .
  3. On dit que X0 est un point adhérent à A ssi r>0 B(X0,r)A . Cette fois on a pas forcément X0A . Par contre X0 n'est pas extérieur à A .
  4. On dit que X0 est un point frontière de A ssi X0 est à la fois adhérent et pas intérieur à A , ou encore pour tout r>0 , la boule ouverte B(X0,r) a un intersection non vide avec l'intérieur et l'extérieur de A .
I.1.9 Illustration graphique
Tracer les différents ensembles pour A la boule unité qui ne contient qu'une demi frontière : A=B(0,1){(xy)R2| y0 et x2+y2=1} .
I.1.10 Proposition
Soit A une partie non vide de Rp . On note B=RpA le complémentaire de A . Soit X0Rp
  1. X0 est intérieur à A ssi X0 n'est pas adhérent à B .
  2. X0 est adhérent à A ssi X0 n'est pas intérieur à B .
  3. A est ouvert ssi tout point de A est intérieur à A .
  4. A est fermé ssi tout point adhérent à A est un point de A .
  5. Tout point de A est adhérent à A .
  6. Tout point intérieur à A est un point de A .
Preuve
Simple jeu avec les définitions. Bon exercice théorique pour vérifier la connaissance de celles-ci.

I.2 Fonctions continues

I.2.1 Représentation graphique
On considère une fonction f:ARAR2 . Alors on peut considérer l'ensemble des points de l'espace vérifiant l'équation z=f(x,y) . Il s'agit de la surface représentative de f .
I.2.2 Définition

Soit A une partie de Rp et f:ARn . Soit Rn .
  1. Soit a un point adhérent à A . On dit que f admet comme limite en a ssi ϵ>0α>0xA xaαf(x)ϵ
    Il faut comprendre xa comme la norme dans Rp et f(x) comme la norme dans Rn .
  2. Soit aA . On dit que f est continue en a ssi ϵ>0α>0xA xaαf(x)f(a)ϵ
    f est continue sur A ssi f est continue en tout point de A .
I.2.3 Théorème

Soit f:ARnARp .
  1. On note f=(f1,,fn) les fonctions coordonnées de f . f est continue (en un point ou sur A ) si et seulement si toutes les fi sont continues.
  2. Une somme de fonctions continues est continue, le produit d'une fonction continue par un réel est continue ( C(A,Rn) est un R -espace vectoriel)
  3. Si n=1 (fonctions à valeurs réelles), le produit de deux fonctions continues est encore continue. L'inverse d'une fonction continue qui ne s'annule pas est continue.
  4. Soit g:URm telle que f(A)U . Si f et g sont continues alors gf:ARm est continue sur A .
Preuve
Reprendre les preuves de 1ère année en adaptant les notations.
I.2.4 Exemple
On considère des fonctions de deux variables.
  1. (x,y)x est continue sur R2
  2. (x,y)y est continue sur R2
  3. (x,y)x2+xy+3xy4 est continue (par produits et sommes) et plus généralement toute fonction polynomiale en x,y est continue.
  4. (x,y)sin(xy) est continue sur R2 par composition.
I.2.5 Applications partielles
Soit ARp , a=(a1,,ap)A .
Les application partielles de f en a sont les fonctions fa,i:tf(a1,,ai1,t,ai+1,,ap) (on fixe toutes les variables sauf la i ème) définie partout où c'est possible.
SI f est continue en a alors toutes les fi sont continues en ai . La réciproque est fausse, on peut montrer que f:{R2R(x,y){xyx2+y2 si (x,y)(0,0)0 si (x,y)=(0,0) n'est pas continue en (0,0) pourtant les deux applications partielles sont nulles donc continue sur R .
Indication : On se place sur l'arc paramétré x(t)=t,y(t)=t2 et on fait tendre t vers 0 : on se place arbitrairement près de (0,0) mais f prend des valeurs arbitrairement grande.
I.2.6 Théorème (Image d'un fermé borné)

Soit ARp fermée et bornée et f:ARn
  1. Si f est continue sur A , alors f(A) est une partie fermée et bornée de Rn .
  2. Si n=1 et que f:AR est continue, alors f est bornée et atteint ses bornes : infxA(f(x))=minxA(f(x)) et supxA(f(x))=maxxA(f(x)) .
Preuve
Totalement hors programme.
Posons B=f(A) . On veut montrer que B est bornée. Par l'absurde, supposons que B n'est pas bornée
  • nN{0} ynB ynn .
  • On peut ainsi créer une suite (yn)B telle que ynn++ . Or, par définition, chaque yn possède au moins un antécédent dans A . On en choisit un que l'on note xn . Alors (xn) est une suite d'éléments de A qui est borné et on peut alors (théorème de Bolzano-Weierstrass, appliqué p fois successivement), extraire une suite (xϕ(n)) qui converge vers xRp .
  • Montrons que le fait que A est fermé implique que xA . Déjà, x n'est pas extérieur à A car si on avait r>0 tel que B(x,r)A= alors xnx>r pour tout n ce qui contredit xnx .
    Ainsi x est adhérent à A d'après I.1.10 . D'après cette même proposition et comme A est fermé, xA .
  • Maintenant on a (xϕ(n))AN qui converge vers xA et comme f est continue, f(xϕ(n))+f(x)B .
    En posant y=f(x) on a deux choses : yn++ par construction et yϕ(n)+y par continuité de la norme (cette continuité est vraie par produits, sommes puis composition par . ).
  • Contradiction
Ainsi B est borné. Montrons maintenant que B est fermé, c'est à dire que tout point adhérent de B est un point de B .
Soit b adhérent à B . Pour nN on a donc (avec r=1n+1 dans la définition) B(b,1n+1)B . Notons bn un élément de cette intersection. On a construit une suite (bn) d'éléments de B telle que nN bnb1n+1 et donc bn+b . Comme précédemment, on construit une suite (an) telle que f(an)=bn pour tout n et on en extrait une suite qui converge vers aA . Alors par unicité de la limite, b=f(a) et donc bB .
Finalement, B est bien fermé en plus d'être borné.
I.2.7 Remarque
Il s'agit de la version plusieurs variables du théorème important : l'image d'un segment par une application continue est un segment.
I.2.8 Exemple
Voici des exemples de parties fermées et bornées : B¯(a,r) , [a,b]×[c,d] .

II Dérivées partielles

Ici, pour simplifier la rédaction, on fixe p=3 , il suffit d'enlever une variable pour retrouver le cas d'une fonction de deux variables.

II.1 Dérivabilité

II.1.1 Définition


Soit f:{URn(x,y,z)f(x,y,z)URp . Soit a=(a0,y0,z0) un point intérieur à U .
On dit que f possède une dérivée partielle par rapport à x en a=(x0,y0,z0) ssi l'application partielle x(x,y0,z0) (qui est définie sur un intervalle centré en x car a est intérieur) est dérivable en x0 . Ce nombre dérivé est alors noté fx(x0,y0,z0) ou 1f(x0,y0,z0) .
On définit de même fy et fz .
II.1.2 Remarque
  1. Il s'agit toujours de se ramener à une fonction d'une variable, en fixant les autres au point qui nous intéresse.
  2. fx(x0,y0,z0)=limh0f(x0+h,y0,z0)f(x0,y0,z0)h
II.1.3 Attention
Même si f est définie sur une partie fermée, on ne parle de la dérivabilité qu'à l'intérieur de A . On pourra rencontrer des fonctions continues sur B¯(0,1) et dérivable seulement sur B(0,1) .
II.1.4 Exemple
Calculer les dérivées partielles, si possible, pour :
  1. f:(x,y,z)sin(2xyyz) .
  2. f:(x,y,z)(x2y+z,x2y2+xz)
II.1.5 Définition

Soit U un ouvert de Rp et f:URn . On dit que f est de classe C1 sur U ssi f possède 3 (ou 2) dérivées partielles sur U et que ces fonctions de 3 (ou 2) variables sont continues.
II.1.6 Exemple
Les fonctions précédentes sont de classe C1 sur R3
II.1.7 Définition

Soit URp un ouvert et f:UR (remarquez le cas n=1 ). Si f possède des dérivées partielles en (x,y,z)U , le gradient de f en (x,y,z) (noté gradf(x,y,z) ) est le vecteur (fx(x,y,z)fy(x,y,z)fz(x,y,z)) .
En physique, le gradient est parfois noté f
II.1.8 Exemple
Calculer le gradient de la première fonction de l'exemple précédent. Attention à ne pas confondre avec les vecteurs obtenus en dérivant (partiellement) une fonction avec n>1 .

II.2 Taylor-Young


Cette fois, on énonce les théorèmes dans le cas n=2 , pour simplifier l'écriture.
II.2.1 Théorème

Soit f:URn un fonction C1 , où U est un ouvert de R2 . Soit (x0,y0)U . Pour (h,k) de norme ``assez petite''


f(x0+h,y0+k)=f(x0,y0)+hfx(x0,y0)+kfy(x0,y0)+o(h,k)(0,0)((h,k))

Preuve
Admis.
II.2.2 Le petit o
Il s'agit ici d'une fonction de 2 variables ϕ(h,k) telle que ϕ(h,k)(h,k)(h,k)(0,0,0)0Rn .
II.2.3 Exemple
Ecrire la formule dans le cas de 3 variables.
II.2.4 Corollaire
Une fonction de classe C1 est continue.
II.2.5 Cas n = 1
Dans le cas où f est à valeurs réelles, on obtient f(x0+h,y0+k)=f(x0,y0)+gradf(x0,y0),(hk)+o((h,k)).
ou encore, en notant X0=(x0,y0) , f(X)=f(X0)+grad(f)(X0),XX0+o(XX0)
II.2.6 Proposition (Composition)

Soit f:URn ( U ouvert) et g:t(x(t),y(t)) une fonction définie sur un intervalle I et à valeurs dans U .
Si f et g sont de classe C1 , alors ϕ=fg:tf(x(t),y(t)) est de classe C1 sur I et pour tIϕ(t)=x(t)fx(x(t),y(t))+y(t)fy(x(t),y(t))
Preuve
Il s'agit d'appliquer la formule de Taylor-Young à ϕ(t+h)=f(x(t+h),y(t+h))=f(x(t)+hx(t)+o(h),y(t)+hy(t)+o(h)) .
On lit la valeur de ϕ(t) comme facteur de h , d'après le cours de première année (car ϕ est une fonction d'une variable).
Or ϕ(t+h)=f(x(t),y(t))+(hx(t)+o(h))fx(x(t),y(t))+(hy(t)+o(h))fy(x(t),y(t))+o(h(x(t)+o(1),y(t)+o(1))) . Il s'agit maintenant de regrouper les différents o qui sont soit des o(h) soit des fonctions négligeables devant o(h) , pour obtenir le résultat voulu.
II.2.7 Exemple
On considère f:R2R de classe C1 et g:t(cos(t)sin(t)) . Calculer la dérivée de fg . (évolution d'un champ scalaire le long du cercle unité).
II.2.8 Proposition (Composition, changement de variables)

On considère f:URn et g:VRpU est un ouvert de Rp et V un ouvert de Rm . Si g(V)U et que les fonctions f,g sont de classe C1 alors fg est de classe C1 sur V .
Si on note f:(u1,,up)f(u1,,up) et g:(x1,,xm)g(x1,,xm) et g=(g1,gp) les fonctions coordonnées, alors fg dépend des variables x1,,xm et pour i1,m et aVfgxi(a)=j=1pgjxi(a)fuj(g(a))
Preuve
On dérive par rapport à une seule variable, que l'on peut noter t et on applique le théorème précédent.
II.2.9 Proposition (Un exemple)
Avec les mêmes notations que la proposition précédente.
On note f:(u,v)f(u,v) et g:(x,y)(α(x,y)β(x,y)) ( f est à deux variables et g à valeurs dans R2 ).
Alors h=fg:(x,y)h(x,y)=f(α(x,y),β(x,y)) et on a


hx(x,y)=αx(x,y)fu(α(x,y),β(x,y))+βx(x,y)fv(α(x,y),β(x,y))hy(x,y)=αy(x,y)fu(α(x,y),β(x,y))+βy(x,y)fv(α(x,y),β(x,y))

II.2.10 Exemple
Soit f:R2Rn (variables notées x,y ) de classe C1 . Calculer les dérivées de ϕ:(r,θ)f(rcos(θ),rsin(θ)) .
On trouve gr(r,θ)=cos(θ)fx(rcosθ,rsinθ)+sin(θ)fy(rcosθ,rsinθ) et gθ(r,θ)=rsin(θ)fx(rcosθ,rsinθ)+rcos(θ)fy(rcosθ,rsinθ)
II.2.11 Gradient en coordonnées polaires
On reprend les mêmes notation qu'à l'exemple précédent. On cherche à exprimer le gradient en un point M0:(x0,y0) différent de l'origine, en fonction des coordonnées polaires (r0,θ0) de M , c'est à dire exprimer le vecteur dont les coordonnées cartésiennes sont fx(M0),fy(M0) en fonction de r0,θ0 , les dérivées de g et des vecteurs er=(cos(θ0)sin(θ0)) et eθ=(sinθ0cosθ0) .
On convient de noter seulement les dérivées partielles dans ce qui va suivre, en considérant qu'on évalue ces dérivées en M0=(x0,y0)=(r0cosθ0,y0sinθ0) pour f et en (r0,θ0) pour g . La relation trouvée précédemment s'écrit sous forme matricielle comme (grgθ)=(cosθ0sinθ0r0sinθ0r0cosθ0)×(fxfy) ou encore, en divisant gθ par r0 ( pour faire apparaître une matrice de rotation qui est une matrice orthogonale ) (gr1r0gθ)=(cosθ0sinθ0sinθ0cosθ0)×(fxfy) ou encore, en multipliant par l'inverse de cette matrice de rotation ( qui est sa transposée ) (fxfy)=grer+1r0gθeθ
II.2.12 Définition (Dérivées d'ordre supérieur)
Comme pour les fonctions d'une variable, on peut évidemment continuer à dériver des dérivées partielles si elles sont encore dérivables.
La notation est la suivante : fxy=x(fy),2fx2
II.2.13 Exemple
Soit f:(x,y,z)xarctan(y2+z2) .
Calculer 2fxz et 2fzx
II.2.14 Théorème (Théorème de Schwarz)

Si f est de classe C2 sur un ouvert U de Rp , alors 2fxy=2fyx (et de même avec toutes les autres variables éventuelles).

II.3 Equations aux dérivées partielles

II.3.1 Exemple
On souhaite résoudre l'équation (où f est définie et C1 sur R2 ) fxfy=1. Pour cela on effectue le changement de variable u=x+y,v=xy .
On a donc x=u+v2,y=uv2 . Ceci revient à poser une nouvelle fonction g(u,v)=f(u+v2,uv2)=f(x,y). Le changement de variables est bijectif de R2 dans R2 et donc g est définie sur R2
Ainsi gv(u,v)=12fx(u,v)12fy(u,v)=12 . Ainsi g est de dérivée constante si on ne considère que la variable v . Donc g(u,v)=v2+K(u)K est une fonction de classe C1 qui ne dépend que de la variable u .
Finalement, les solutions sont de la forme f(x,y)=xy2+K(x+y) .
II.3.2 Exemple
Chercher les solutions f de classe C1 sur ]0,+[×R vérifiant (E):xfx+yfy=yx. Pour cela on pourra passer en coordonnées polaires.
On pose x=rcosθ,y=rsinθ . avec r]0,+[ et θ]π2,π2[ . On a alors r=x2+y2 et θ=arctan(yx) .
On pose g(r,θ)=f(x,y)=f(rcosθ,rsinθ) . Alors gr(r,θ)=cosθfx(r,θ)+sinθfy(r,θ) . Ainsi (E) devient rgr=tan(θ) ou encore gr=1rtan(θ) .
Ainsi g(r,θ)=ln(r)tan(θ)+K(θ)K est une fonction C1 sur ]π2,π2[ .
Finalement, f(x,y)=12ln(x2+y2)yx+C(yx) . où C est une fonction C1
II.3.3 Exercice
Résoudre l'équation précédente par changement de variable u=x et v=yx .
II.3.4 Exemple
On considère l'équation de la chaleur 2fx2=1c22ft2.c est une constante strictement positive représentant une vitesse de propagation. On cherche une solution C2 sur R2 .
Résoudre en posant u=x+ct et v=xct et calculer la dérivée d'ordre 2 croisée. On a donc g(u,v)=f(x,t)=f(u+v2,uv2c) .
2guv=0 et donc gu=K(u) et finalement g(u,v)=K1(u)+K2(v) .

III Extremas

III.1 Points critiques

Cette fois on suppose p=2 pour alléger les notations. On peut tout à fait généraliser.
III.1.1 Définition

Soit f:AR une fonction à valeurs réelles et AR2 . Soit a0=(x0,y0)A . On dit que f possède un maximum local (resp. minimum local) ssi il existe un r>0 tel que (x,y)AB¯(a0,r) f(x,y)f(x0,y0) (resp. f(x,y)f(x0,y0) ).
III.1.2 Exemple
Tracer la surface représentative de f:(x,y)1x2y2 . Maximum local en (0,0) . Minimum locaux sur le cercle unité. Constater ces faits sur le tracé suivant :
Lien géogébra : Constater les valeurs minimales et maximales le long de (Oz)
III.1.3 Définition

Soit f:AR une fonction à valeurs réelles et AR2 . Un point a intérieur à A est appelé point critique de f ssi gradf(a)=0 (toutes les dérivées partielles s'annulent simultanément)
III.1.4 Exemple
  1. Cas des fonctions numériques : f:xx3 .
  2. Soient a,b>0 . Trouver les points critiques de f:xx2a2+y2b2
III.1.5 Interprétation graphique
  • Dans le cas d'une fonction d'une variable, il s'agit de la présence d'une tangente horizontale (qui n'est garantie que lorsque la dérivée s'annule en un point qui n'est pas une borne de l'intervalle de définition).
  • Dans le cas d'une fonction de deux variable, le plan tangent en un point critique est horizontal. Il possède une équation de la forme z=αα est une constante.
III.1.6 Proposition

Soit f:AR une fonction à valeurs réelles et AR2 un ouvert . Soit aA .
Si f possède un extremum local en a alors a est un point crique de f .
Preuve
Notons a=(x0,y0) . On considère l'application partielle fy0:xf(x,y0) .
Vu que a est à l'intérieur de A , alors fy0 est dérivable sur un intervalle ouvert et admet un extremum en x0 qui n'est pas une borne. Donc sa dérivée s'annule en x0 ie fx(a)=0 .
On raisonne de même pour chaque dérivée partielle.
III.1.7 Exemple
A=B¯(O,1) et f:(x,y)x2+2y2 . Trouver les extrema s'il en existe.
Réponse :f est continue par produits et somme sur le fermé A donc possède un minimum et un maximum.
Sur l'ouvert B(O,1) , f n'a qu'un point critique en (0,0) et sa valeur est 0 qui est clairement un minimum global. Cherchons le maximum de f sur la frontière.
On paramètre les points de la frontière par x=cos(t) et y=sin(t) pour un t[π,π] et on pose g{[π,π]Rtf(x(t),y(t))=cos2(t)+2sin2(t)g est clairement paire, on l'étudie sur [0,π] . Pour t[0,π] , g(t)=1+sin2(t) qui est maximale quand sin(t)=1 ie t=π2 .
Ainsi, f est maximale en (0,1) et (0,1) et sa valeur maximale est 2.

III.2 Matrice hessienne

III.2.1 Théorème (Taylor-Young, ordre 2)

Soit fC2(U,R)U est un ouvert non vide de R2 . Soit (x0,y0)U et (h,k)R2 tel que (x0+h,y0+k)U .


f(x0+h,y0+k)=f(x0,y0)+hfx(x0,y0)+kfy(x0,y0)+12!(h22fx2(x0,y0)+2hk2fxy(x0,y0)+k22fy2(x0,y0))+o0(h2+k2)

Il faut comprendre ce o0 comme représentant une limite quand (h,k)(0,0) .
Preuve
Admis
III.2.2 Définition

Soit fC2(U,R)U est un ouvert non vide de R2 .
Soit (x0,y0)U fixé. La matrice hessienne de f au point (x0,y0) est la matrice (2fx2(x0,y0)2fxy(x0,y0)2fxy(x0,y0)2fy2(x0,y0))
III.2.3 Réécriture de la formule de Taylor
On se place dans le même cadre que le théorème, on note X=(hk) et H la matrice hessienne de f en X0=(x0y0) .
On a alors f(X0+X)=f(X0)+(X|gradf(X0))+12XTHX+o0(X2)

III.3 Etude des extrema

III.3.1 Cas d'un point critique
On se place dans le cadre où f possède un point critique en X0 fixé.
On a alors gradf(X0)=0 . Ainsi f(X0+X)f(X0)=12XTHX+o0(X2) et f(X0+X)f(X0) est du signe de 12XTHX quand X est au voisinage de 0 .
Réduisons la matrice H (qui dépend de X0 ...) : il existe PO2(R) et D=diag(λ,μ) telles que H=PDP1 .
Alors pour XR2 , XTHX=(P1X)DP1X=XTDX=λh2+μk2 .
Ainsi f(X0+X)f(X0) est du signe de λh2+μk2 pour h,k (ou h,k ) ``proche'' de 0.
Cas λ, μ > 0 :

f atteint un minimum local en X0.

Cas λ, μ < 0 :

f atteint un maximum local en X0.

Cas λ, μ de signes stricts opposés :

f n’a ni maximum local ni minimum local en X0. On a un point selle ou point col en X0.

Cas λμ = 0 :

on ne peut pas conclure a priori. Il faut calculer les deux valeurs propres.

Remarquons que det(H)=λμ et Tr(H)=λ+μ . Ainsi on pourra distinguer les 4 cas précédents sans connaître λ ni μ .
III.3.2 Théorème

Soit fC2(U,R)U est un ouvert non vide de R2 . Soit X0U un point critique de f .
Notons également H la matrice hessienne de f au point X0 .
  1. Si det(H)>0 alors f possède un extremum local en X0 .
    1. si Tr(H)>0 , il s'agit d'un minimum.
    2. si Tr(H)<0 , il s'agit d'un maximum.

  2. Si det(H)<0 , alors f n'a ni minimum local ni maximum local en X0 (point col).
  3. Si det(H)=0 , on ne peut pas conclure a priori, il faut faire l'étude autrement.
III.3.3 Exemple
Considérons f:{R2R(x,y)x4+y4(xy)2 . Trouvons les éventuels extrema.
Tout d'abord, f est de classe C2 sur l'ouvert R2 en tant que fonction polynomiale.
  • Pour (x,y)R2 , fx(x,y)=4x32(xy) et fy(x,y)=4y3+2(xy) .

  • gradf(x,y)=0{4x32(xy)=04y3+2(xy)=0{4x32(xy)=0x3+y3=0{4x34x=0y=xx(x21)=0 et y=x


    On a trois solutions : A=(0,0), B=(1,1), C=(1,1) .
  • Calculons maintenant la hessienne au point (x,y)R2
    H(x,y)=(12x222212y22) En A , H(A) est de rang 1. On ne peut pas conclure a priori. Or f(0,0)=0 . De plus, f(x,x)=2x4>0 pour x0 , f(x,x)=2x44x2=2x2(x22)<0 pour x]12,12[ . Il n'y a donc pas d'extremum.
  • En B et C , H=(102210) . det(H)=96>0 et tr(H)=20 donc f possède un minimum local en ces deux points, qui vaut f(B)=f(C)=2 .
III.3.4 Exemple
Etudier les extrema de f:{R×]0,+[R(x,y)y(x2+(ln(y))2)f est C2 sur son ensemble de définition par produits et somme. De plus, pour xR,y>0 , fx(x,y)=2xy et fy(x,y)=x2+(ln(y))2+y×21yln(y)=x2+ln(y)(ln(y)+2) .
Les points critiques de f sont (0,1) et (0,e2) .
En (0,1) , f(0,1)=0 qui est clairement un minimum global. En (0,e2) , f(0,e2)=4e2 .
Calculons la matrice hessienne. H(x,y)=(2y2x2x2ln(y)y+2y) En (0,e2) on obtient (2e2002e2) de déterminant 4<0 . f n'a ni minimum local ni maximum local en ce point.